21 décembre 2006

Ô solstice d'hiver...

Cher groupe,

Quoi? Vos canapés ont brûlé au four? Mario Pelchat a envahi la radio de votre voisin, et par les lois de la physique que seuls les trémolos connaissent, ces ondes se répandent dans votre logis où il faisait jadis bon ouïr? Vous faites des cauchemars le soir parce que vous craignez que votre belle-mère ne vous offre des fleurs séchées à Noël? Pas de pitié. Ça vous apprendra à enfourner vos divans, à mal choisir vos voisins, et à user de flagorneries avec belle-maman…

Que le joyeux Noël soit requinqué promptement! Maintenant, tenez-vous tous par la main, le temps que nous formions quorum et que nous entonnions ce bel hymne des vœux du temps des Fêtes. (Gardez les yeux ouverts et ne vous balancez pas trop de gauche à droite, s’il vous plaît. C’est que ça fait un peu sectaire sinon...)

Donc, avant que les cadeaux ne crèchent (ô dieux du calembours, laissez-moi tranquille en 2007) sous le sapin de Noël (ou sous le bambou de la Nativité)(ou sous le palmier du bonheur du Solstice d’hiver), ouvrez donc grand votre cœur à ces vœux bien sentis que je vous lancerai dès maintenant.

Fêtez dignement les joies du bureau! (Si vous êtes une photocopieuse, vous n’êtes pas invitée, désolé. Ces vœux ne s’adressent pas à vous, cessez de lire le courrier d’autrui et copiez-moi dix pages de «Je suis une photocopieuse et j’accepte mon statut.») Célébrez ce que vous aurez bien envie de célébrer le 25 décembre. (Si c’est Jésus, je déteste vendre la mèche, mais il sera vraisemblablement crucifié dans quelques mois cette année encore. Si c’est le bonhomme rouge et blanc, c’est pas mal le temps; le reste de l’année, c’est plutôt tranquille pour lui.) Vous naquîtes jadis entre deux repas de dinde? Assumez, et essayez de vous accaparer l’attention des gens pendant que tout le monde s’empiffre dans la tourtière. Ça vous apprendra à choisir cette date. Que faisiez-vous tout l’été? Vous vous baigniez et chantiez dans votre petit monde intra-utérin, n’est-ce pas... Vous ne vouliez pas faire comme tout le monde, non? Eh bien, dansez maintenant.

Mais, solennellement, que 2007 éclaircisse vos cœurs et y fasse luire la félicité ou la joie. Ou sinon, soyez heureux ou contents. Parce que l’essentiel (il ne faut pas se le cacher), c’est assez important.

(En passant, vous pouvez vous lâcher les mains...)

Allez en paix. Mes meilleurs voeux du temps des Fêtes.

Et surtout, accommodez-vous raisonnablement les uns les autres.

Les attributs de Rona

Google te donne le premier rang lorsque quelqu’un cherche «la poitrine de Rona Ambrose».

Dois-tu t’en réjouir?

17 décembre 2006

Si un iceberg m’était conté…

Charles Tisseyre vantait le sujet de la prochaine émission de Découverte pendant que tu t’apprêtais à ranger la vaisselle (ou t’apprêtais-tu à interroger un détenu russe emprisonné dans ta théière?).

«La semaine prochaine, à Découverte: le mystère du Titanic, du point de vue de l’iceberg…»


La formulation n’était peut-être pas exactement celle-là; toutefois, bien clairement dans ta tête, tu as imaginé un grand film avec un iceberg qui dit: «Attention! Titanic droit devant!», puis des scènes dans lesquelles un iceberg se fait dessiner, nu avec un pendentif, allongé sur un sofa…

Les Oscars t’attendent…

10 décembre 2006

L’homme de la situation

C’est arrivé lors d’une discussion de bureau des plus formelles, une de celles où tu vas droit au but pour le plus grand bonheur du patron. Tu as l’impression d’avoir une grenade entre les mains, alors tergiverser sur le nouveau plan d’épargne à la retraite ou sur la photogénie de la nouvelle photocopieuse (quel sale macho fini; tu utilises toujours le genre féminin pour cet objet), tu y tiens bien peu à ce moment-là. Mais c’était sans compter sur cet important héritage que tu portes en toi, et qui, à certains moments, doit supplanter tout le reste.

Une lettre à la main, tu discutes donc, lorsque le cri de détresse est lancé, haut et fémininement. Tu songes que la lettre-grenade vient d’exploser. Ta main n’est probablement plus qu’un moignon à l’heure qu’il est. Ton seuil de douleur est-il vraiment si élevé? Tu ne sens pourtant rien. Au cri se joint alors un important supplément d’information :
- Elle est là!
Tu ne sais pas encore qui elle est, mais tu sens qu’elle doit être crainte.
- Tue-la!
Alors, non seulement elle doit être crainte, mais elle doit aussi être exterminée. Et d’après ce que tu constates, tu es le bourreau désigné.

À ce moment, tu la vois bien, au haut du classeur, se pavanant avec sa poitrine plantureuse et ses longues pattes effilées. Tu jettes la lettre-grenade sur le bureau, goupille ouverte. Ça devra attendre; tu as un monde à sauver, Tarzan. Il n’y a pas de lianes au plafond suspendues, seuls des regards sur toi arrêtés. Tu optes pour la main nue, l’agrafeuse n’étant pas une arme adaptée à la situation. Oh! que tu étais un chasseur de mammouths fier, toi! Pas un de ces cueilleurs de framboises…

Tu fais le pas devant et tu apposes ton doigt vindicatif sur la bête ignoble qui trouble le bonheur des gentes dames, tes plus immédiates dulcinées du Toboso. Tu t’acquittes de la tâche efficacement et le plus proprement que tu peux dans les conditions en vigueur. Tu entends une onomatopée retenue qui souligne le décès de la bibitte. Tu le sens, tu n’es rien de moins qu’un sauveur.

Va, marche fièrement. Tu as accompli l’impossible et tu as gagné le cœur des dames, ô toi ancien chasseur de mammouths.

01 décembre 2006

26 novembre 2006

Des cédilles et des hommes

Tu as décidé de te laisser convaincre par Blogger de passer à l’autre version. Il ne semblait y avoir que des avantages. Or voilà, un peu bêtement, dans tes anciens commentaires, François est devenu François. Et il n’y a pas de petite flèche bleue pour revenir en arrière magiquement. Tu n’as rien contre l’exotisme, mais là, ainsi dépossédé de ta cédille, tu te sens un peu marginalisé.

Tu te remémores avec nostalgie les efforts que ça t’a coûtés… Tu te revois en maternelle, lorsque tu signais ton barbeau bien agencé. Tracer ce grand C, imaginer un 5 dessous et retrancher la barre horizontale supérieure, mentalement, avant d’y aller au crayon, en tirant la langue de côté, en retenant ton souffle. Tu te rappelles aussi ce concours d’épellation en première année; la fois où tu avais triomphé de Catherine, en t’attirant le regard déférent et délicatement entiché de Cynthia (ou te comptes-tu des histoires?). On t’avait donné le mot garçon. (La classe retenait-elle son souffle?) Ta voix s’était élevée dans le silence respectueux. (Vraiment?) G-A-R-C-cédille-O-N. (Bon, et tu avais gagné quoi, un crayon?)

Tu redescends sur Terre.

Blogger n’aime pas ta cédille. Et tu n’as aucune idée de la manière dont tu dois t’y prendre pour la faire revenir à la vie. Alors, parce que tu n’as pas d’honneur lorsqu’il est question de problème informatique, tu demandes: «Quelqu’un a une solution miracle?» Au cas où…

21 novembre 2006

Sois authentique

Au salon du livre, dans une allée quelconque, tu as vu cette femme à une table derrière son livre. La bondieuserie nouveau genre pullulait, et il y avait presque une odeur de spiritualité cartonnée quand tu prêtais bien la narine. Tu trouves toujours que c'est une odeur qui fleure un peu l'arnaque. Bah, ça ne t'a pas jeté à terre; ce n'est pas comme si tu n'avais jamais remarqué qu'il y avait beaucoup de livres de cuisine sans sel (Le céleri est ton ami) et de guides sur la méthode Pilates (Un postérieur ferme en dix jours) dans les librairies.

Donc, ton oeil a glissé subrepticement (tu fais bien des choses ainsi ces temps-ci) vers le titre du livre et un neurotransmetteur a dit à ta bouche qu'elle pouvait sourire. Tu as oublié le titre exact et tu ne t'en veux pas du tout, mais tes souvenirs te laissent croire que c'était Sois authentique, ou Soyez vous-même, ou quelque autre titre du même acabit. Probablement le très attendu deuxième tome de Sois vraie.

Alors, à ce moment, tu t'es tourné (tu es devant car tu avances toujours un peu vite dans ces sections) vers ta copine et tu as dit: «Sois toi-même? Quelle hypocrisie: ses cheveux sont teints!».

Heureusement, bien qu'il y ait eu un peu de monde autour (c'était samedi), tu n'as pas reçu de coups de sacoches. Ça t'a rendu heureux.

19 novembre 2006

La marquise et le vicomte

Un jour, comme ça, il y a une fille qui te parle des Liaisons dangereuses. Tu sais que c’est de Laclos, que c’est un classique du roman épistolaire, alors tu te félicites de ta mémoire; tu n’as pas l’air trop con, ce qui est toujours ça de pris. Par contre, non, tu ne l’as pas lu. Oh, tu connais un peu le propos, mais rien pour en discourir et bien t’en sortir. Tu en es conscient, tu te sentirais un peu comme Rona Ambrose qui parlerait d’environnement…

Alors tu finis par chercher un peu. Et voilà que tu tombes sur ce site, et tu décides qu’ils ne vendront probablement pas ton adresse à des compagnies pharmaceutiques véreuses. L’idée est simple: tu recevras gratuitement les lettres par courriel, dans l’ordre chronologique, à partir du moment où tu t'inscris. Tu seras un intercepteur. Il y a eu une panne de courant et personne ne pouvait écouter Virginie; tout le monde s’écrira, tu recevras trois lettres ce matin-là. C’était la finale d’Occupation double à Versailles; la marquise de Merteuil ne t’écrira pas…

Bien sûr, il y aura cette semaine où tu seras parti et où tout s’accumulera. Tu seras un peu découragé en ouvrant ta boîte à lettres, parce que tu te diras que tu n’as pas tout ce temps-là devant toi.

Et il y aura cette fin. Tu t’inquièteras un peu parce que ça fera une semaine ou peut-être deux que tu n’as rien reçu. Ce serait désagréable qu’on te fasse faux-bond à la dernière minute... Mais tu recevras finalement la dernière lettre, et le mot final de l’éditeur. Tes liaisons dangereuses auront duré près de six mois.

Alors, si la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont vous titillent…

15 novembre 2006

Bilan groenlandais

Cher Groenland,

Alors, as-tu humé dans l’air pur le parfum de bilan qui arrivait au loin? Non, pardi? Tu n’as pas senti ça? Bon, ça va. Ce n’est pas exactement comme si je l’avais remarqué rapidement aussi.

Mais voilà, c’est que ça fait un an. Tu sais, le premier message dans une bouteille de format HTML qu’on lance au loin (enfin je dis lancer au loin, mais c’est plutôt comme faire débouler en bas des marches derrière l’écran)… Oui, voilà. Un an de je. Hochement de tête. Eh bien. Hum. Hum hum.

Donc, je n’avais pas l’intention de trop t’embêter avec ça, mais tu vois, parfois, il me vient des lubies de faire des trucs. Oui, je me sens comme un comptable plein d’imagination qui aurait le goût de faire des listes et des mises au point. Ouf! Que de frasques, oh! c’est qu’on ne rit plus là… Ça serait pas une petite gêne que je ressens tout d’un coup? Avoir des projets aussi farfelus, c’est bien moi.

En fait, c’est qu’en théorie (pour peu que des théories puissent exister à ce sujet) il doit bien y avoir des raisons pour faire tout ça par ici? Un an, ça doit être amplement suffisant pour en dresser une belle liste ordonnée? Même pas; je continue d’avancer en suivant la ligne floue de mes jours, sans m’empêcher de marcher sur les craques de trottoirs de mes jours. Sinon ça devient psychotique et ça ne rend pas les mères bien fières de leur petit gars. Mais en y songeant un peu, comme ça, au flou et au doute, je me suis dit que c’est beaucoup pour ça que je suis ici. Sans le doute, pas d’écriture. C’est vrai même pour les listes d’épicerie. Tu crois que tu vas peut-être oublier d’acheter les petits yogourts que ta copine aime tant? Voilà, tu écris «Petits yogourts pour Chérie» sur une feuille collée sur le réfrigérateur et tu te sens déjà mieux. Tu as une équation quadratique et tu n’es pas certain de la valeur de x? Tu sors ton crayon et, avec un peu de chance, ça se résout bien. Dans le doute, vois-tu, tu écris. Ipso facto, j’écris.

Faut pas se méprendre, c’est parfois très bien le flou. De toute façon, à quelque part, t’as toujours su que le binaire, ce n’était pas pour toi. Bon, je parle pour toi, c’est presque impoli. Ce n'est pas pour moi, donc. C’est le principe de la logique floue. Vrai ou faux, avec une certaine probabilité. Il me semble que cette seule petite dose de peut-être remet les choses en perspective.

Et si après le doute vient l’écriture, après l’écriture il vient quoi? La conscience? La sérénité? La paix dans le monde? Vrai, avec une certaine probabilité. C’est probablement ce qui fait que je ne me suis pas arrêté après le lait et le pain de ma liste d’épicerie.

Au fait, te dis-tu, pourquoi ne pas parler de ce site à tous tes collègues, à ta sœur et à la femme de ta maison? Et à ce voisin qui arrose son asphalte tout l’été en habit de bedon, et que parfois, pas trop fort, dans ta tête, tu t’avises de trouver un peu con? Pas de réponse. Un lobby du néant s’acharne sur la question.

Bon, il se fait tard, alors je te laisse à tes glaciers qui fondent trop vite.

Voilà. Et je renouvelle le bail.

09 novembre 2006

Orwell et les huîtres

Lorsque j’ai vu les caisses de bestioles, je me suis furtivement demandé si j’étais dans un dîner de cons. J’ai senti que le cours classique de trois ans qui eût été nécessaire pour apprendre à ouvrir des huîtres, hé bien, j’allais devoir l’improviser sur-le-champ sur le comptoir. Viens, petite huître toute croche, que je te malmène contre le deux sur quatre. Quels péchés avais-je commis qui nécessitassent un tel châtiment? Et à ce châtiment, ajoutons le fait que je devais les manger par la suite, quelque écailleuses qu’elles demeurassent Puisque oui, elles le demeurèrent, le citron n’ayant pas la faculté de dissoudre les morceaux de coquilles.

L’invitation avait été lancée à tout berzingue au bureau, le mercredi pour le vendredi. Sur un coup de tête, ma liberté pour la soirée étant acquise, j’avais acquiescé. Qu’impliquaient ces quelques huîtres entre collègues?

Nous fûmes quatre répondants, ou plutôt trois qui répondîmes à celle qui fit l’invitation. Donc, ce vendredi-là, trois employés et le patron du bureau (nul besoin de spécifier que je suis un employé et non le patron du bureau) se rendirent au vieux petit pub habituel pour triturer du mollusque.

Difficile soirée, moments embarrassants? Que nenni! La vérité est dans le vin (même quand il est blanc).

J’allais bien, tout allait bien.

J’aimais Big Brother.

05 novembre 2006

Parlons moteurs et bougies d’allumage

Certes, je ne caresse pas sa carrosserie coruscante, non plus que je n’embrasse son capot en inhalant ses bonnes vibrations et son aura suave. Dans une soirée, n’ayez crainte, je ne suis pas celui qui aime à discourir sur la puissance de telle marque de moteur et sur l’étonnant comportement de tel char lorsqu’on passe de la troisième à la deuxième vitesse à 120 kilomètres à l’heure dans une courbe. Je ne suis pas non plus ce voisin snob qui vous avertit que la dernière Audi décapotable, ouf! mais avez-vous vu la finition de l’intérieur du coffre à gants? Non? Juste pour ça, moi j’ai vendu la mienne.

Bref, au petit dam de mon père, je ne suis pas un vrai gars de char. Non, ce n’est pas moi qui vous dira qu’il faudrait changer votre timing belt et que le petit bruit qu’on entend là, écoute, c’est pas les gaskets qui sont lousses? Il faut mentionner que je suspecte mon père d’être capable de reconnaître et d’identifier les voitures (en précisant le plaque minéralogique et le code couleur de la peinture) par le son ou l’odeur. Je ne suis pas un cancre non plus. Je sais que le voisin, ce n’est pas une auto rouge qu’il a, mais telle marque et tel modèle. Et si je ne peux dire l’année avec précision, je sais que ce modèle-là ne se fait plus et que celui-là, bien, il est arrivé sur le marché il y a deux ans. Donc, ce n’est pas moi qui dirai à votre beau-frère que mon cousin a acheté une Toyota Accent Civic, ou que, en tout cas, c’est un ben beau char gris. Enfin, la base.

Mais, dernièrement, mon petit moyen de transport, cet habitacle où il me plaît discuter avec René Homier-Roy et fausser avec un peu tout le monde, hé bien, il se faisait vieux. Il devenait incontinent aussi. Bref, rien pour rassurer la belle-famille. En fait, je n’avais pas connu ce besoin difficile à cerner de rester chez mes parents jusqu’à 42 ans et de mettre tout mon argent sur une auto que j’embellirais (modifierais semble plus juste) jusqu’à ce que l’aileron arrière soit assez haut et pesant pour faire lever les roues avant. Ah, la joie que j’aurais eue après d’aller faire crisser mes pneus devant les bars et de m’attirer les plus jolies jeunes femmes en pâmoison! Hé non, moi qui ai un sens des valeurs douteux, j’ai éreinté mon vieux véhicule jusqu’à ce qu’il commence à me faire comprendre que c’est lui qui allait me quitter si je ne prenais pas l’initiative de regarder ailleurs.

Mais enfin, changer de véhicule, ça implique de fréquenter ces gens parfois peu fréquentables que sont les vendeurs de chars. C’est ce que je fis. Et comme je n’avais pas déjà en tête le numéro de série de l’auto que je voulais, ce fut un peu palpitant comme expérience. Le début a été difficile, mais je me suis finalement lancé. Que je remarquai la belle stabilité de celle-ci! Que je m’aperçus du caractère bruyant de cette dernière! Que je m’invectivai en réalisant combien celui-là était un char de pépère! Que je vis bien que ça, hé, c’était beige!

Puis la rencontre a eu lieu. Nous étions tous les deux prêts à passer à autre chose. C’était réciproque et sain, je le sentais. Ce fut réglé en une soirée, et maintenant, si je le souhaite, lorsque je lave la vaisselle, je peux lui jeter un petit coup d’œil par la fenêtre.

Nous allons vieillir ensemble, ma chérie.

Enfin, disons pour cinq ans. Après, il y aura des plus jeunes à reluquer, j’imagine

31 octobre 2006

À la table d'à côté

La table était pleine de petites et de grosses (reposez cet objet contondant, je parle de billard) qui hésitaient à chacun de mes coups. Elles ignoraient si elles allaient aller nulle part ou n’importe où. À vrai dire, je l’ignorais également. Je donnais mon coup, la blanche allait se cogner contre quelques surfaces, et la vie allait de l’avant.

Au comptoir, une femme s’agitait frénétiquement. L’objet de ses récriminations (et de ses désirs tout à la fois) siégeait non loin de là: une belle, grosse et rutilante machine de vidéo poker. Elle insistait, la madame. Elle voulait son argent; elle voulait voir le gérant; elle ne voulait pas perdre sa place. Elle s’énervait, la madame. Elle pataugeait dans le pathétisme et surnageait avec lourdeur. «Si c’était (imaginez une autre conjugaison à l’oral) Unetelle la serveuse, elle me le donnerait, elle. Elle me connaît, je te le dis.»

Son désespoir était bien assez dense pour expliquer les déviations étranges dans la trajectoire de mes coups.

Moi, par contre, je n’ai perdu qu’une partie de billard.

11 octobre 2006

Juxtaposons...

En arrivant au Lion d’Or (la Chauve-souris de Latex, l’Ornithorynque de Plastique et le Tigre de Polyvinyle auraient été des choix moins heureux, j’en conviens), ma perspicacité (et un peu aussi ma vue) m’ont clairement fait comprendre que les quatre caméras gigantesques qui se pavanaient à l’arrière et sur le côté de la salle allaient probablement être mises à contribution au cours du spectacle. Ce fut donc le cas et, à moins que le DVD des Zapartistes (vous préférez disque numérique universel?) soit annulé, mon rire sera gravé avec celui du restant du public. Heureusement pour les autres spectateurs, je n’ai pas hérité du rire de ma mère et de sa portée hautement enrichie de décibels.

En fait, de toute ma vie, je n’ai essuyé qu’une seule réprimande pour avoir ri au théâtre, ce qui, je le crois, n’est pas loin de la moyenne nationale. Il y a environ cinq ans, un homme assis derrière moi, que je qualifierai de trouble-fête ingrat pour les besoins de l’explication, avait usé de son meilleur sourcil de reproche pour me faire comprendre que mon rire le dérangeait grandement. Je précise à ce moment qu’il s’agissait d’une parodie de Tchekhov (la pièce, pas l’homme) et non pas d’un grand drame lancinant. Parce que c’est bien connu, dans ce cas-là, il est bien mieux vu de sommeiller que de rire. Donc, bien que j’aie hautement tendance à excuser tout le monde et à chercher une explication rationnelle en superposant trois couches de conjectures contextuelles, j’ai été heureux à ce moment-là de faire une belle exception et de le trouver plutôt ignoble. J’avais après tout déjà connu les craintes de développer le rire matriarcal (un oncle possède aussi la version masculine), et j’avais alors atteint la conviction que le destin avait été clément à mon endroit. Certes, peut-être possèdé-je le gène récessif? Seul l’avenir me le rira.

Ainsi, par espace disponible et par choix, nous avons pris place à une table en périphérie (disons que si la scène est Repentigny et que Montréal est l’allée centrale, ma place est entre Châteauguay et Brossard, les caméras étant dispersées à Laval et à Vaudreuil), alors si ce DVD passe un jour à Canal D (et pendant quelque vingt années), je ne serai pas celui qui illustre en gros plan la mode de 2006. (À moins d’avoir sous-estimé la propension des caméramans à filmer vers Châteauguay.)

Étonnamment (du moins, je fus étonné de le constater), une semaine plus tard, j’étais sur l’autoroute 400 en banlieue de Toronto. J’avais fait ma provision de Fine-Thank-you-And-you? et m’apprêtais à manger de la dinde farcie pour la Thanksgiving (on s’entend pour dire que ce n’était pas une action de grâce). La situation familiale nécessiterait un schéma pour les explications, mais disons simplement qu’un oncle plutôt âgé de ma blonde utilise dorénavant la prononciation anglophone de son nom et que ses enfants quadragénaires n’ont qu’une vague idée de ce qu’est le français. Donc, une semaine après le spectacle des Zapartistes, je dormais dans une chambre quasi-torontoise où j’ai cru développer une allergie au pollen en raison de la multitude de fleurs qui ornaient les murs et les draps. En décoration, c’était un cas flagrant d’abdication masculine. Mais, nonobstant cet accroissement de ma volonté de ne jamais laisser qui que ce soit recouvrir mes murs d’une tapisserie fleurie lilas, j’ai tout de même passé une belle fin de semaine.

Ce qui me fait dire que Michaëlle Jean doit être bien heureuse tout d’un coup…

03 octobre 2006

Problème de physique 436

Didascalie (parce qu’il faut faire attention) : Je suis un peu sous le choc.

Lui et elle sont en voiture. Ils s’apprêtent à passer sous un viaduc. En supposant que le viaduc possède trois voies de 3,7 mètres chacune, que leur vitesse est de 100 kilomètres à l’heure, et que leur probabilité de malchance est atrocement près de 1, quel laps de temps la structure a-t-elle pour leur tomber sur la tête?

(3)(3,7) = 11,1 mètres de largeur
Ajustons en fonction de la longueur du véhicule; utilisons 15 mètres.
15 m / (1000 m/km) / (100 km/h) = 0,00015 heure, soit près de 0,54 seconde.

La fatalité a de ses précisions qui inquiètent fortement.

20 septembre 2006

La poule en bleu

Dans une annonce d’une émission à éviter, une petite fille est sur le point de pousser sa chance et sa voix, et d’entacher à jamais sa réputation. Non seulement elle s’apprête innocemment (souhaitons-le-lui) à fausser du Michel Louvain, mais lorsque l’animateur lui demande: «Qu’est-ce que tu rêves de faire plus tard?», elle n’a peur de rien et répond: «Aller à la Poule aux œufs d’or!»

Du haut de mon sofa, je déclare que des parents ont été dénoncés à la DPJ pour bien moins que ça.

07 septembre 2006

La peinture à l'huile (air connu)


Après que j’eus eu arraché les anges benêts qui folâtraient benoîtement, fesses nues sur des nuages duveteux, au haut de mon mur, mon invincible détermination m’appela à abaisser une cimaise qui flottait inopinément à une hauteur de cinq pieds du sol. Ces tâches accomplies, j’imaginais déjà mon salut vite atteint après les coups de rouleaux et de pinceaux protocolaires. C’est là que le spectre de l’ancien propriétaire reparut.

Probablement alléché par une vente prodigieuse sur un pot de peinture à l’huile (ou par l’héritage dudit pot, légué par le beau-frère), il s’était décidé à se procurer un nectar bleu foncé et à l’apposer sur le mur, en cassant candidement sa belle relation privilégiée avec la peinture au latex.

Bien sûr, j’ai été naïf aussi. J’ai attaqué avec ma peinture au latex, sans préparation aucune. C’est là que le combat a commencé sur le mur, et au moment où je croyais avoir terminé la première strate, les alluvions huileuses avaient lutté contre l’envahisseur au latex en les repoussant de leurs éléments oléagineux. Je maugréai probablement quelque onomatopée inécoutable de nature peu clémente.

Je jouai donc du racloir sur le mur et trouvai un fond de pot d’apprêt que je pus solliciter âprement afin de sceller le mur. Après avoir peinturé le bas une deuxième fois, je m’aperçus que je venais de créer un remarquable hommage temporaire aux Schtroumpfs.

24 août 2006

Dans ma bulle...

- Ce soir, il va falloir que je copie mon ovaire…

Je n’ai pas lâché la poêle, mais je ne sais pas trop comment elle est restée dans mes mains.

- Pardon?
- Ce soir, il va falloir que je copie mon horaire.
- Ah! Il me semblait aussi...

18 août 2006

Amateurs de questionnaires traditionnels, bonsoir...

Oh, on a Pine sur la ligne 1. Alors, pourquoi pas, avec un retard non négligeable...
1. Attrapez le livre le plus proche de vous, allez à la page 18, qu’y a-t-il d’écrit à la quatrième ligne?
Bon, le plus près. Mesurage effectué. D’accord.
«pas d’interviews, et c’était la secrétaire de son agent» (AUSTER, Paul, Cité de verre)
2. Étirez votre bras gauche aussi loin que possible…Et...?
Comment définir possible. Jusqu’au mur? Jusqu’à ce que je passe à travers le gypse et le béton? Jusqu’à ce que le coude craque? Jusqu’à ce que la chaise se tasse?
3. Quelle est la dernière chose que vous avez regardée à la télévision?
L’écran.
4. Sans vérifier, devinez quelle heure il est:
14h12
5. Maintenant, vérifiez, quelle heure est-il réellement?
14h14 (Quel monde fascinant.)
6. En dehors du bruit de votre ordinateur, qu’entendez-vous?
Le vent qui souffle en fa dièse majeur.
7. Quand êtes-vous sorti pour la dernière fois ? Qu’avez-vous fait?
Tantôt. Eh bien, c’est très simple. Il suffit de tourner la poignée de la porte dans le sens horaire, puis d’ouvrir cette porte susmentionnée en exerçant une poussée latérale vers l’extérieur (ou en tirant vers l’intérieur, veuillez à cet effet consulter le mode d’emploi de votre porte ou allez-y intuitivement). Par la suite, il ne reste plus qu’à poser un pied devant l’autre, et qu’à répéter cette dernière étape en disposant ses pas en quinconce. (Pour tout vous dire, moi, j’avais choisi de commencer avec le pied droit, mais c’est un choix purement arbitraire.)
8. Avant de commencer ce questionnaire, que regardiez-vous?
La poignée de porte.
9. Que portez-vous?
On m'informe que cette question est impertinente. Non, non! Pas de questions indiscrètes.
10. Avez-vous rêvé la nuit dernière?
On me dit que oui.
11. Quand avez-vous ri pour la dernière fois?
Il faudrait poser la question à mon larynx.
12. Qu’y a t il sur les murs de la pièce où vous vous trouvez?
Du gypse peint vert, des tablettes couvertes de livres, de disques et de crayons, un diplôme à gauche et un babillard avec un calendrier et un porte-dossier. (Pas-sio-nant!)
13. Avez-vous vu quelque chose d’étrange aujourd’hui?
Tout à fait, ma blonde attentive devant un film Histoire vraie. Un choc!
14. Que pensez-vous de ce questionnaire?
L’ordre ascendant de la numérotation est extraordinairement rigoureux.
15. Quel est le dernier film que vous ayez vu?
Horreur, c’est de la persécution. Les cinq dernières minutes d’un film Histoire vraie, mais on m'a forcé.
16. Si vous deveniez multimillionnaire dans la nuit, qu’achèteriez-vous?
Mais la paix dans le monde, bien sûr.
17. Dites-nous quelque chose que nous ne savons pas à propos de vous?
Oui, vite, de l’incongru et du drame… Parfois, quand je nage, si je vois un gros requin blanc vigoureux à vingt centimètres de moi, eh bien, il m’arrive d’avoir peur, un peu.
18. Si vous pouviez changer une chose dans le monde, en dehors de la culpabilité ou de la politique, que changeriez-vous?
La paix dans le monde, persisté-je.
19. Aimez-vous danser?
Le plus rarement possible.
20. George Bush:
Que Dieu le blesse.
21. Quel serait le prénom de votre premier enfant si c’était une fille?
Un prénom féminin.
22. Quel serait le prénom de votre premier enfant si c’était un garçon?
Un prénom masculin.
23. Avez-vous déjà songé à vivre à l’étranger?
Tout le monde vit à l’étranger.
24. Que voudriez-vous que Dieu vous dise quand vous franchirez les portes du paradis?
«- Désolé, t’as pas de rendez-vous.
- …
- Oui, je sais, toute une surprise pour un gars qui ne croit ni en Dieu, ni au paradis, mais qui croit un peu aux portes...»
25. Quelles sont les 4 personnes qui doivent faire ce questionnaire sur leur propre blogue?
Devrai-je encore vous épargner? Ou serait-il temps que je me mette à vous importuner?

16 août 2006

Dis donc...

Hier, en attrapant le Téléjournal de 18h (en préparant le souper ou en cambriolant une banque, j’oublie les détails), lorsque Philippe Schnobb (animateur étrange) a dit:

«Alors (insérez un nom de chroniqueuse culturelle), qu’est-ce qu’on se met dans le lecteur cette semaine?… »,


eh bien, je me suis un peu esclaffé. Le caméraman aussi, probablement. (Ah tiens, ça devait être en préparant le souper, les banques sont fermées à cette heure-là.)

13 août 2006

Chronique new-yorkaise III

La visite était annoncée à midi et demi, devant l’horloge au centre du Grand Central Terminal. C’est donc à ce moment et à cet endroit que nous avons fait la connaissance du guide chauvin par excellence, habillé avec un goût très sûr (comment ne pas apprécier la remarquable harmonie de ses courts shorts bleu ciel, de son polo cyan et de ses bas blancs bien relevés dans ses espadrilles blanches?).

Après nous avoir fait remarquer que cet édifice était le plus extraordinaire au monde (à quoi peut bien servir la modestie dans un tel cas?), il s’est empressé de partager les détails architecturaux et techniques qui lui assuraient son poste de guide. Par contre, peut-être eût-il pu passer moins de dix minutes à expliquer la différence entre une station et un terminus, malgré l'ahurissante confusion que ces termes peuvent susciter? Et merci pour ces arrêts de recueillement quasi-mythique qui nous ont permis de constater qu’en effet la hauteur du plafond variait entre les salles (une chute de plafond de dix mètres passe si facilement inaperçue). Et que dire de son intervention empressée pour ramener à l’ordre et chicaner des tout-petits émerveillés par une chauve-souris emprisonnée derrière une cloison vitrée? Imaginez l’horreur, ils avaient cessé de l’écouter! Non mais, pourquoi se laisser distraire par une chauve-souris vivante et essoufflée lorsqu’on a la chance de s’abreuver à la source du savoir d’un tel homme? Ayez honte, petits enfants ingrats!

09 août 2006

Chronique new-yorkaise II

Au siège de l’ONU, Francesca est heureuse d’arriver à la fin de sa visite guidée. Après nous avoir appris que l’important à l’ONU, c’est de discuter; et que la guerre, c’est pas gentil, (tout cela dans un anglais très délicieusement accentué) elle se rappelle avoir demandé le pays d’origine des visiteurs, et décide de se lancer dans une énumération des contributions architecturales ou décoratives pour bien nous satisfaire.

Alors elle récite… Tels rideaux haïtiens, telle pièce danoise, tel tableau italien, telle sculpture chinoise… Et, roulement de tambour (marocain), telles portes canadiennes!

Donc, après la visite, je lui demande si elle parlait des portes de la dernière pièce (ce qui eût passé très près de la honte absolue) ou des portes principales.

- Yes, the main entrance doors!
- Oh! It’s important, rétorqué-je, avec juste le bon soupçon d’ironie.
- Of course it is… me répond-elle, fière et souriante, comme si elle les avait elle-même sculptées.



Admirez! Et jouez au jeu «Qui sur la photo me trouve présentement ridicule de prendre des portes en photo?»

08 août 2006

Chronique new-yorkaise I

Je suis de retour de New York, où j’ai pu sentir à son mieux l’effet odoriférant du soleil plombant sur des sacs de poubelles. Parce que New York, ce n’est pas juste ça, je propose quelques chroniques new-yorkaises, brèves et juteuses. Ou longues et sèches. On verra.

***

Mercredi matin. Attablés à la mezzanine d’un restaurant matinal, devant deux baguels, un jus et un café, nos yeux se portent en garde partagée sur le guide de voyage et sur les clients qui commandent au comptoir. Soudain, le chemin à prendre pour se rendre jusqu’au site de l’ONU perd de son importance. C’est le choc culturel. Un New-Yorkais vient commander son baguel et le chef s’exécute: baguel tranché, fromage à la crème… et ketchup. Tiens, je remarque à cet instant que la bouteille n’était effectivement pas très loin.

Malheureusement, nous n’avons pas pu remarquer si ce client a mis de la relish dans son café.

01 août 2006

Mon patio est plus grand que le tien

Je n’étais pas ici, mais je peux vous le jurer, j’étais ailleurs. Dans l’antichambre de cet espace, j’ai eu beaucoup à faire, vous savez.

Mon abri hypothéqué me réclame moult soins que je me sens disposé à lui accorder. Ainsi, après avoir mis à nu la deuxième volée de marches intérieures, tout l’escalier a connu les joies de la teinture pacane dorée et a succombé à la volupté du vernis à plancher. Des tablettes s’empressèrent de réclamer cette teinture d’allégresse, et elles me surent gré d’avoir acquiescé à leur souhait. Fort de cette expérience solidement acquise, je poussai l’audace jusqu’à entreprendre la quintessence de la tâche manuelle maison; l’Himalaya de la rénovation; oui! oui! arrangeons le patio. Bien assez tôt, après avoir vérifié la capacité de mes fortes solives actuelles et jaugé la faisabilité d’un projet ambitieux d’agrandissement où le porte-à-faux régnait en maître sur deux pieds de portée, je décidai de me lancer et nous nous attaquâmes au garde-corps. Je me dirigeai vers le fournisseur régional, en quête de deux sur six, de tire-fond et de vis enduites d’époxy, tout prêt à mettre un peu de rêve viril sur une carte de plastique. De retour, en m’attelant à la tâche, je découvris rapidement que l’ancien propriétaire était un être tourmenté par la construction en bois, et que monsieur le bricoleur avait décidé d’utiliser des clous vrillés de quatre pouces. Et quoi encore? Monsieur eût probablement jugé bon d’avoir une fondation en ouate, mais il fallut qu’il se bornât à rendre le remplacement du platelage atrocement laborieux. (Attention, blague facile dans quelques instants.) En fait, ces clous étaient de véritables vices cachés. (J’avais été clair.)

Ce fut donc notre baroud d’honneur. N’écoutant que notre insouciante soif de patio, nous entreprîmes de dégarnir les solives. Ce fut une grande épopée. Récemment, après avoir arraché le dernier calvaire métallisé, je retroussai la dernière planche. J’avais vaincu. David contre Goliath, moi contre l’impénitent ancien propriétaire: un même combat. Peut-être un jour verrai-je cet épisode historique à Canal D, après un documentaire qui montre des esclaves égyptiens en train de hisser des pierres au sommet d’une pyramide.

Mais maintenant, je tiens à me recueillir un peu pour saluer la mémoire d’un marteau qui n’a pas survécu au projet. Adieu, vole de tes propres ailes. Tu as fait tout ce que tu pouvais ici. Nous nous en remettrons. Va, et sois heureux dans ta nouvelle vie.

Désolé à mes voisins, qui doivent songer à militer pour un cessez-le-cognement immédiat, voire durable et permanent.

10 juillet 2006

Dans le parc aux écureuils fous…

Une femme assortie à son chihuahua miteux passa.

Elle se pencha vers sa bête adorée et lui dit presque tendrement: «J’vas t’apprendre à vivre, toé, ma ‘tite côlisssse!»

Elle fera sans doute une excellente institutrice.

19 juin 2006

Que la paix soit avec lui

Bon, le texte est bel et bien disparu dans le grand triangle des Bermudes du monde binaire, fauché par un disque dur échauffé. Il laisse dans le deuil une souris âgée, un clavier arthritique et un moniteur sclérosé.

Que Bill «Les Portes» ait son âme…

N'envoyez pas de fleurs, le bedeau est allergique au pollen. Envoyez donc du pollen.

16 juin 2006

Le conte du gros méchant bobo informatique

Je vous jure que la suite a été écrite. Oui, par une belle heure de dîner, au travail. Puis l’ordinateur l’a mangée. (C’est l’élément perturbateur de mon conte.) Vraiment.

J’ai eu un léger frétillement d’espoir, mais en rallumant l’ordinateur j’ai réalisé qu’il était devenu impossible d’aller au-delà du logo IBM et d’un code d’erreur barbare. Ce borborygme informatique, sournois et peu explicite, a décidé de se réitérer sans cesse. Je fis donc un signe S.O.S à l’aide de mon téléphone, en direction du poste du technicien informatique. Il n’était pas là. (Fin de la première péripétie, aucun adjuvant.)

Je répétai alors mon appel à l’aide avec le téléphone voyageur dudit technicien informatique. Il répondit, et je lui décrivis avec précision les symptômes du malade. Il allait régler ça, mais pas jeudi.

- Pas là jeudi.
- Vendredi?
- Oui.
- Donc, vendredi…
- Oui, vendredi, O.K.

(Voilà comment il faut parler à un technicien informatique. Fin de la deuxième péripétie, aucun adjuvant.)

Vendredi arriva. Toujours pas d’adjuvant. (Mon conte finit mal. J'aurais été recalé, à l'examen.)

Lundi, je récupérerai peut-être la suite. Pour l’instant, qu’elle repose en paix dans les limbes de mon ordinateur inutilisable.

13 juin 2006

Orgueil et humidité I

Par une somptueuse et récente fin de semaine de mauvais temps, j’ai pris mes jambes à mon cou et, malgré cette étrange disposition de mes membres inférieures, ai fui au loin vers un éden peuplé de maringouins carnassiers et de ratons-laveurs fouineurs, videurs de glacières.

À notre arrivée au camping, dans une relative accalmie, nous montâmes la tente prestement, sur un lit d’aiguilles d’épinette. Nous passâmes la soirée en cercle autour d’une lampe de poche (vive les règlements qui interdisent les feux de camp; rien n’est comparable à la joie de se réunir autour d’une faible lueur évanescente qui ferait les joies d’une publicité pour Duracell) à discuter de choses et d’autres. Puis, nous nous entassâmes dans la tente, qui avait déjà beaucoup rétréci depuis que nous essayions d’être trois à l’intérieur. Quatre autres personnes s’empilaient dans l’autre tente, ce qui constituait aussi une entrave au sens commun. Enfin, nous nous endormîmes habilement sous la pisse céleste, et dormîmes comme des loirs (ceux qui sont très fatigués).

Très tôt le lendemain matin, à l’heure où le soleil grogne encore parce qu’il n’a pas bu son premier café, nous nous levions pour avaler un déjeuner que même l’États-Unien moyen trouve copieux; nous allions nous lancer dans la descente de la rivière des Outaouais.

L’incontinence céleste se poursuivait alors que nous atterrissions dans les grosses embarcations soufflées, en fleurant bon l’ancienne sueur incrustée dans les casques et les gilets de flottaison. Un garde-chiourme (eux, ils disent un guide) embarqua à l’arrière. C’était un départ. Les remous des premiers rapides se faisaient déjà entendre à la proue, où ne s’étalait pas de Cyprine d’amour, cheveux épars, chairs nues. Les coureurs des bois qui nous habitaient étaient à l’affût…

La douche intégrale suivit bien vite. L’imperméable tint bien mal son rôle, je maudis le t-shirt que j’avais gardé en-dessous et les pantalons, sous-vêtements, bas (pourquoi avais-je gardé ces bas?) et souliers étaient destinés à ne plus sécher de la journée…

Quelques heures d’agrément plus tard, nous revînmes au camp. Mon ami s’était probablement fait greffer des neurones de Céline durant le trajet, son discours pour le lendemain se simplifiant à «We take the kayak! We take the kayak!

Pas exactement un kayak, d’accord, mais une sorte de bateau biplace, dont les flancs non diaphanes nous révélaient, à nous et aux marins profanes, des éclaboussures mémorable et des naufrages horribles qui inclineraient assurément notre carène.

À suivre…

01 juin 2006

Légume des jours

- Boris, j'ai besoin de toi.

Là.

On peut le dire, aujourd’hui, à l’ouvrage, c’était une journée Appellation d’origine contrôlée. Un classique: la journée de merde. De marde même, s’ils l’acceptaient dans le dictionnaire.

(Désolé maman. Désolé patron. Ne vous perdez pas par ici; parfois, je pourrais dire des gros mots.)

30 mai 2006

Fourre-tout (enfin, dans le sens de…)

Il y a des jours, comme ça, où les systèmes digestifs fomentent de diaboliques projets pour établir leur suprématie sur nos vies. Mon système digestif a gagné aujourd'hui. Congé forcé, donc. Et pixels noircis, parce qu’aujourd’hui, je ne courrai pas de marathon, et ne poserai pas de bardeaux d’asphalte. Promis.

Dans les grandes traditions des teneurs de carnets (hé oui), j’ai cru bon de naître à la mi-mai. Au moment où l’indécision et le sens du flou des astrologues avaient atteint leur paroxysme quant à la décision à prendre pour le choix de la meilleure date de départage entre les signes du Taureau et du Gémeau (ce qui, on en conviendra avec une suspicion notoire, assoira les bases de ma destinée métaphysique), je naquis dans un hôpital montréalais centralisé. Au bout de quelques jours, pressentant assurément les grands bouleversements économiques et culturels à venir dans le Plateau (marque déposée, je sais), je quittai à tire-d’aile cet endroit si hospitalier (appréciez la qualité du jeu de mots), non sans jeter un dernier regard à quelques prématurés et poupons qui devaient prolonger leur séjour. Ayant à l’époque une mémoire très médiocre, je ne me rappelle d’aucun de ces amis des premiers instants.

Ma grand-mère, née à la même date (mais, je vous l’assure, de nombreuses années auparavant), accueillit la nouvelle avec grande joie, tout heureuse que je fusse du sexe fort. Elle tua le veau gras pour le retour de l’enfant prodige, et je grandis dans une belle insouciance, dans un petit quartier résidentiel presque échappé par hasard au sud d’une route numérotée (Le Boulevard, dit pompeusement la population locale) qui se frayait un chemin entre un lac calme et une voie ferrée oubliée qui, elle, délimitait passivement l’ensemble des champs de maïs. Dans ce patelin, au décor digne du Survenant, mais avec plus d’asphalte et de déclin en vinyle, j’accumulai les 6 pieds et 2 pouces qui me séparaient de mon expatriation pour les études, ce qui viendra, on s’en doute, plusieurs années plus tard.

En escamotant plusieurs chapitres, j’en arrive donc à cette fin de semaine où je vieillis une autre fois (vous savez, j’ai quand même plus de vingt ans d’expérience dans ce domaine). L’occasion fut donc soulignée avec une dose très joyeuse de vin rouge, de rires, d’amitié et de famille, de temps passé à choisir quel livre recevoir en cadeau dans une librairie... mais également avec un bureau à peinturer, tout fraîchement pourvu d'un plancher de bois, ce qui nous amène à une délicieuse histoire.

La visite au Home Depot (traduction libre: Dépôt de la maison) effectuée en bonne et due forme, la pièce était disposée à recevoir 3,78 litres de peinture taverne (vous avez imaginé vert? félicitations!) et la même quantité de peinture semence de perles (allez, répétez trois fois sans rire…)

Didascalie: nous voilà éberlués devant le panneau des fiches colorées.
- Je prends quel beige?
- Celui que tu veux, me répondit-elle, en prenant soin de ne pas se compromettre.
- Tiens! Celui-ci.
Je réprimai un sourire en voyant le nom de la couleur, extravagance d’un coloriste particulièrement inspiré.
- Semence de perles, ça te va?
- Ô joie!

Toute cette euphorie nous ayant probablement fait perdre la tête, nous laissâmes par la suite le sac de terreau nouvellement acquis sous le panier, de retour au stationnement. Acheter un gallon de peinture semence de perles, c’est fortement ébranlant. Soyez avertis et allez en paix.

18 mai 2006

Erratum!

Ah! puis zut, en vérifiant avec mon bon vieux Bob en papier, je constate que la transitivité du verbe échapper est bien admise; un joli canadianisme (ouais, me semble que ce sont les Albertains qui disent ça), ajoute-t-il (non, pas ce qui est entre parenthèses) avec une citation de Lemelin. Tout ce changement pour rien, vite, publions un erratum!

À bas la rousse! Vive Bob! (Et vice versa selon la source qui appuie mes élucubrations.)

16 mai 2006

Merde! (m’exclamé-je)

Je découvre à l’instant la triste et générale transitivité indirecte du verbe échapper, sauf si on désire toujours l’échapper belle, ce qui est une manière très directe et très acceptable de vivre la transitivité du verbe échapper, comme me le susurre la rousse qui loge sur mon CD-ROM.

Pour éviter le sempiternel posté par, ma quête de verbes transitifs directs est ahurissante… Fomenté? Déjuché? (Hum! intéressant) Accommodé? (J’hésite…) Placardé? (Simplicité volontaire) Délinéé? (Assez rare pour être tentant…)

Je change aussi les rebond(s)… Cette marque incertaine du pluriel, c’est agaçant, non? Elle a un petit quelque chose d’André Boisclair («Cher membre, chère membre, cher(ère)s membre(s)…») Je demande donc à la rousse si elle a quelque chose à suggérer…

Delirium tremens? Hors-d’œuvre? Hors-texte? Post-partum?

C’était simple pourtant, allons-y pour les post-scriptum. Elle est efficace, cette rousse-là.

Alors, jusqu’au prochain changement…

10 mai 2006

Parlons plancher, mon Joe

Dernièrement, dans un sous-sol près de mon rez-de-chaussée, l’homme et la femme de la maison (mais surtout l’homme, n’en déplaise à madame) se sont attaqué au couvre-plancher. Le couple moderne se méfie souvent (hélas!) trop peu des périls de la rénovation.

À n’en point douter, il faudrait bien plus qu’une panoplie de livres beiges identiques, rédigés en suédois, bien ordonnés dans mes étagères sans poussière, pour transformer mon havre résidentiel en salle de montre d’IKEA, quelque évocateurs que soient les noms de couleurs que nous apposerons sur les murs. Or, le plancher en tapis rappelant affectueusement le vert-de-gris de l’acide qui s’échappe d’une pile alcaline ne nous émoustillait plus. Le linoléum retroussé et déchiré de la pièce à l’avant non plus. Nous étions enfin prêts pour vivre le grand rêve de la rénovation, en chantant en chœur l’étendue de notre joie, dans l’exaltante comédie musicale du Club-Réno-Home-Rona-Dépôt-Tire. Ensemble, nous étions prêts à faire la connaissance de notre futur plancher de bois flottant.

Les préparatifs furent émouvants. L’hêtre, l’érable, le chêne, le pin et même le bambou venaient pavaner leurs meilleurs atouts devant nous, en tentant de nous séduire par la qualité de leur groove (dixit vendeur nommé Roméo, «Oh yeah! groovy floor boy!»), par leur calibre remarquable, par leur taux de compressibilité renversant, par leur étonnant fini lustré ou par leurs motifs délicieux à saveur rustique, campagnarde ou moderne. Nous naviguâmes entre les prix d’amis (oui Roméo!), les vieux planchers bleus en plastique invendus depuis 1997, les vieux classiques du bois flottant à prix et à apparence modiques, et les nouvelles vedettes du genre (regard amouraché, «Ça, c’est mon p’tit dernier!»), les nouveaux trésors de la rénovation, le nouvel avatar divin fait plancher.

Après tergiversations, nous jetâmes notre dévolu sur une sélection judicieuse.

- Oui, chérie, bernons nos voisins. Optons pour le pin de Georgie!
- Oui, mon amour, quel joli côté rustique. Comme sa teinte réconfortante me réjouit! Vois comme elle va bien avec nos étagères ragaillardies.

Alors depuis ce temps, tel le couple modèle des annonces de Canadian Tire, je joue du ruban à mesurer et de la scie sauteuse dans un tango sulfureux, puis nous glissons les lattes dans leurs rainures si désirables. Les plinthes s’empilent dans un tas instable, nous haussons parfois le ton. Le bonheur s’effriterait-il?

- Pourquoi pas la petite, là?
- Non, regarde la rangée d’avant!
- Celle-ci, ça va!
- Non, regarde la rainure! Le groove, baby, le groove!

Il reste encore une pièce et une garde-robe. Bien, c’est possiblement tout ce que le couple est encore capable d’affronter.

04 mai 2006

Régie linguistique autonome du Groenland

Cher Patrice L’Écuyer,

Oui, je sais. On ne se parle pas souvent, mais tu permets que je te tutoie? Merci.

J’ai un petit reproche à te faire. Bien sûr, je sais que tu vas dire que ce n’est pas vraiment toi qui as pris la décision, que c’est la faute à d’autres, que ça a été accepté plus haut par des bonzes qui prennent toutes sortes de décisions bien plus répréhensibles encore. Certes.

Ça m’énerve un peu depuis la première fois que j’ai entendu ton annonce. Tu me diras que tu n’es pas le seul à le dire. C’est vrai! Sophie Thibault aussi l’a déjà dit. Elle aime bien ça la Sophie; ça fait humain, ça fait connecter avec le peuple, ça fait gagner des trophées quand c’est ce peuple-là qui vote. Elle s’en servait allégrement pour André Boisclair, et bien d’autres fois. Mais, tu sais comme moi comment c’est rendu, aux nouvelles. Oublions les «Inondations à Châteauguay», sous-titrons plutôt «Châteauguay dans la flotte!»; ça fait tellement plus peuple, ça, mon homme! Et si on peut faire un jeu de mot bas de gamme, rien de plus merveilleux! «À Laval, on avale la grande tasse!» La salle des nouvelles, en émoi, prie pour des inondations lavaloises…

Bon, tu me diras qu’on s’égare. Tu me diras aussi que c'est un peu trop tard, là, non? Que c’est commencé pour de vrai, là, à la télé, alors… Oui, on ne te cache rien.

Mais… des squelettes dans le placard, c’est un calque de l’anglais! Bon, d’accord, c’est attesté dans quelques dictionnaires, alors tu peux toujours te défendre. Toutefois, sois certain que je te surveille, au cas où te prendrait l’envie d’appeler ta prochaine émission L’argent ne pousse pas dans les arbres, Mettons-nous un pied dans la bouche, ou Tu fais un fou de toi. On s'entend? Considère cela comme un avertissement…

Sans rancune, Patrice!

Embrasse ta femme de ma part.

01 mai 2006

Effets secondaires

Je suis impressionné par votre sens du devoir, vous qui êtes toujours au poste pour traquer les polémiques, pour partir les débats, pour étendre vos émotions, pour analyser les aléas des parcelles de vie qui parsèment ces espaces bien hétéroclites.

Vous puisez souvent ce temps d’un puits qui semble surabondant, pour éteindre des feux qui paraissent fréquemment inextinguibles.

Je m’explique toujours aussi mal mon parcours par ici, ma quête de choses que je sais pas trop chercher, mon besoin de remplir des pages d’incertitude, de futilité, d’anecdotes, de pensées. Je multiplie les contraintes, les limites, les zones dangereuses, les terrains glissants. J’édulcore mon besoin d’écrire à travers les tamis de mes inhibitions.

Par contre, l’analyse que je fais de cette granulométrie étonnante est bien indocile, bien inégale.

Ceci ne serait donc qu’une grande cachotterie, qu’une activité clandestine presque téméraire?

Bon, je jette maintenant cette bouteille à la mer, et rentre au port. J’ai une grippe d’homme à dominer. Que mettent-ils donc dans ce sirop pour la toux?

20 avril 2006

La fin des illusions

Quand j’étais tout jeune, chacune de leurs apparitions était une petite bulle de joie qui se distillait pour mon bon plaisir. Ils étaient tout duveteux, avenants, sympathiques. On était heureux, nous étions amis. Nous eussions gambadé allégrement ensemble, en se tenant par la main, si c’eût été possible.

Mais plus maintenant. Pas hier, du moins. Non, mais qu’est-il arrivé aux écureuils modernes? Eux, naguère si jolis, sont-ils vraiment tous devenus comme les rats albinos, rachitiques et agressifs, que j’ai croisés?

Pitié! Qu’avez-vous fait à mes écureuils d'enfance?

07 avril 2006

Parler-tu français?

«Ce n’est pas mon français… Il est meilleur que vous le pense.»
- Belinda Stronach


Ah! O.K. alors, je le constate bien. Désolé! Quelqu'un pensait quelque chose?

30 mars 2006

François au pays des sapins miniatures…

On vous demande ce que vous ferez en fin de semaine? Si vous voulez créer un certain effet, oubliez les bars branchés et les sorties prévisibles. Je vous propose plutôt ceci:

- Ah! Je m’en vais à Sudbury.

Votre interlocuteur s’enquerra probablement ensuite de la raison de ce voyage inouï. En effet, lorsque ses yeux se seront transformés en phylactères de bande dessinée affichant un sublime «Mais qu’est-ce que tu vas faire là-bas?», au moment où le point d’interrogation menace de déchirer ses sourcils, répondez:

- Je sais pas trop. Un ami m’a proposé une sorte de concert, mais honnêtement, je ne sais pas trop qui joue…

C’était peu dire. Je ne savais pas non plus exactement où j’allais, à quelle heure on partait, à quelle distance était Sudbury, et qui y allait aussi. Sudbury n’est peut-être pas un Eldorado, un rêve fou d’évasion, mais ajoutez-y de bons amis et un autobus bondé de bon sentiment, et vous détenez une recette fort respectable de bonheur à consommer sur place. (Je m’en voudrais, par contre, d’oublier de mentionner au futur touriste alléché par Sudbury que la ville est d’une mocheté certaine avec ses roches noircies et ses sapins nains engraissés à la pluie acide d’exploitation minière.)

Et le concert? C’était sûrement l’état d’esprit, mais le Québécois en moi fut passablement attendri d’écouter une salle de Franco-Ontariens chantonner «mon p’tit porte-clé, tout rouillé, tout rouillé» avec cœur. Les quelques gouttes de lubrifiant social alcoolisé que j’avais ingurgitées ont sans doute contribué à me faire apprécier l’ambiance. J’ai même eu un certain plaisir à voir les Respectables (groupe que je gratifie normalement d’une superbe indifférence), et surtout de voir passer dans leurs yeux l’espèce d’heureux étonnement qu’ils auraient pu avoir en arrivant en Ouzbékistan et en constatant que: «Hé! Les Ouzbeks connaissent nos chansons!» Il n’y a pas à dire, ce coin du nord de l’Ontario devenait une contrée sauvage possible à apprivoiser l’espace d’une soirée. J’ai d’ailleurs découvert un groupe franco-manitobain très intéressant dont je me ferai l’ambassadeur auprès d’une certaine sélection de mon entourage.

Alors, parfois, comme ça, il faut savoir dire «oui» quand on vous propose un concert venu de nulle part, dans une ville qui ne représente pour vous qu’un point diffus, quelque part par là. Il faut savoir accepter le jeudi que vous serez à Sudbury le samedi soir, sans trop s’en faire au sujet de toutes les autres modalités du voyage.

J’ai su. Tant mieux. Ma vie n’est pas linéaire.

Dans un coin de ma tête, je prends donc le soin d’inscrire: «À refaire».

P.-S. – Toutes mes excuses aux adulateurs d’exactitude typographique. Les espaces requises avant les deux-points, et avec les guillemets ouvrants et fermants, viennent de prendre le bord. Si Radio-Canada le fait, pourquoi pas? Non, mais ça va faire, la manipulation génétique du code HTML pour venir insérer toutes ces petites espaces insécables…

21 mars 2006

La la la la la la-la la-laaaa!

Si on écoute les annonces télévisuelles, les gens heureux ont une forte tendance à danser et à chanter dans les rues. À cet effet, toujours selon les annonces, il n’y a qu’un pas à franchir pour amalgamer les annonces et affirmer que nul n’est plus heureux qu’un habitant de Laval qui prend du Viagra.

Quelqu’un de Laval prenant du Viagra veut-il commenter?

19 mars 2006

Hommage au chiffre 4

Bon! Un autre questionnaire qui illustre à merveille comment la grippe aviaire pourrait parvenir à se disperser partout en très peu de temps. Parce que, je le sais, vous passez toutes vos nuits d’insomniaques fébriles à vous questionner sur tous ces détails presque croustillants qui composent ma vie, j’apaiserai donc un peu vos tourments (cessez d’acclamer ma magnanimité, c’est pesant à la fin!)…

Pour les plaintes, on remonte par ici chez quelqu’un dont le surnom laisse croire qu’il est un pin anglophone (à tort ou à raison?).

Quatre emplois de mon glorieux passé
1. Tondeur de gazon, doctorat honorifique en coupe du brin d’herbe
2. Gars polyvalent dans une librairie, celui qui livre des meubles (vous voyez le jeu de mot audacieux?), qui époussette les trombones et qui indique à la clientèle parentale la quatrième couleur de cahier Canada en vogue pour la prochaine session
3. Surveillant des caméras de la circulation à Montréal pour Transports Québec, devenu spécialiste d’été de la panne sur Décarie, en développant une excellente voix radiophonique pour appeler les contrôleurs routiers et les autres intervenants dans un jargon efficace
4. Ville d’Ottawa, emploi hautement prestigieux pour compter des autos à des intersections le matin, mettre des bases de données à jour et jouer au volley-ball torse nu sur l’heure du dîner

Quel mystère! On arrête à quatre… Que suis-je donc devenu?

Quatre films que je peux regarder encore et encore
Je ne réécoute pas si souvent les mêmes films. Sérieusement, je comprends souvent du premier coup! Sinon (et ce n’est pas ceux que je n’avais pas compris), disons ceux que j’ai vus le plus souvent, et ma jeunesse passée y a beaucoup à voir…
1. Forrest Gump, parce que Jenny est mon amie
2. Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (Astérix chez Cléopâtre et les reprises de ciné-cadeaux ayant préalablement créé une habitude probablement malsaine)
3. La trilogie d’Indiana Jones, même si je confonds tous les épisodes dans un seul et même film
4. La trilogie de Back to the future, même si je… enfin, vous comprenez

On constate ici les répercussions des réseaux de télévision qui repassent les mêmes films année après année depuis 10 ans.

Quatre places où j’ai vécu
1. Un petit loft utérin (environ 9 mois)
2. Un hôpital montréalais (quand j’ai quitté le loft, trop petit à la fin)
3. Petite ville timide de Montérégie (on taira son identité)
4. Ottawa, Hull, Hull qui devient Gatineau…

Quel mystère! (bis) Où habité-je donc maintenant?

Quatre endroits où j’ai passé des vacances
1. Encerclez le Québec, mais enlevez l’Abitibi, le Nord-du-Québec, et la Côte-Nord
2. Maritimes en général et Ouest canadien (mince ligne autoroutière jusqu’à Calgary) puis Rocheuses et tour de la Colombie-Britannique
3. Côte est étasunienne (New York, Virginie, Floride)
4. Cuba en voyage humanitaire

Quatre sites web que je visite chaque jour
1. Adresse de courrier électronique
2. Ah! Ce n’est pas une drogue quand même (mais plusieurs sites plusieurs fois par semaine, enfin, vous le savez un peu?)

Quatre mets que j’adore
1. Pâtes en général (ce qui constitue la majorité de mes connaissances linguistiques en italien)
2. Mets asiatiques en général (mais ce n’est pas parce que la mode est à l’algue et au poisson cru qu’on va me faire adhérer à cette fantaisie)
3. Les rôtis avec sauce à saveur d’anciens dimanches et de famille réunie
4. Ceux que je réussis à cuisiner, il faut bien…

Quatre places où j’aimerais vivre en ce moment
1. Un hôtel de villégiature en Afghanistan
2. Un poulailler près de Shanghai
3. Un puits de pétrole en Irak
4. Une maison blanche avec un joli dôme, à Washington

Quatre blogues que je cible pour continuer de répondre à ce quiz
(Hum, comment me désister?… Ah, tiens! À ceux qui ont cherché ceci sur google avant d’arriver par ici…)
1. Où acheter des chapeaux de cow-boys
2. Pluie de sauterelles
3. Iglou recette
4. Préjugés sur le Groenland

À tous, sentez-vous très libres de saisir le flambeau et de poursuivre le rêve olympique…

08 mars 2006

Non! Pas Nouvelle-France...

Oui, je sais, ça ressemble à de la récupération, mais je n’ai pas lu les règlements officiels du parfait blogueur.

- C’est pas si mal, non?
- Hum… En fait, je n’ai pas trop aimé ça.

Jamais litote n’aura été si appropriée. Dernièrement, ce film abominable est ressurgi de son passé poussiéreux pour faire l’objet d’une conversation dans mon entourage. Vraiment, j’ai beaucoup de difficulté à admettre que Nouvelle-France puisse être considéré comme un bon film. Parce que j’avais déjà écrit le commentaire sur voir (d'où le style hybride...), et que ça me revenait en tête, eh bien enfin… je récupère.

Maudits Anglais, méchante France! Piètre Nouvelle-France!

Quel affront que de substituer à notre histoire une parodie de Watatatow avec costumes d'époque! Probablement pour être bien certain d'économiser sur le budget colossal devant alimenter les poches de Céline et de Gérard, les nuances du film ont été complètement éliminées pour garder une lourdeur étouffante et une inconséquence troublante, servant à enrober un scénario mielleux et dispersé. Pire, on nous présente des énormités navrantes. Qui est cette jeune femme, mère monoparentale, amie et protectrice des Amérindiens, docteure en homéopathie, émancipée de la glorieuse religion, reprenant son père au souper et dont la famille, pas si riche, possède une esclave (et noire, rien de moins)? Mère Térésa et Denise Bombardier, unies dans une sculpturale transformation, catapultées en 1759? Vraiment? Rendu là, on aurait dû envoyer de l'argent de poche à Donalda et sauver Aurore... tant qu'à vouloir parodier l'histoire!

Et ce rôle de Sébastien Huberdeau? Séraphin, prise 2? Un homme et son cliché? Et Marie-Antoinette? On parlait de génocide à cette époque? Quelle femme d'avant-garde, chapeau! Soupir. Et ces trois commères blasées, au regard appuyé, niais de reproches? Je le sais! C'était triste, les violons m'on tout dit!

On passe à côté! À trop vouloir nous montrer des petits détails (Wolfe est asthmatique), on sabre dans les liens et dans la cohérence. Un peu plus et la bataille des plaines d'Abraham n'était qu'une carte postale figée. Puis, avec la rigueur historique dont le film fait preuve, comptons-nous chanceux qu'elle ne se fût pas déroulée à Winnipeg!

Même le pathétique effort d'histoire d'amour sirupeuse colle au fond de la marmite.

Bref, ramassis de clichés revus à la sauce « la jeune femme moderne veut... », anachronique, sur fond d'erreurs historiques et de violons avec anti-démarreurs! On nous a dépossédés de notre passé pour faire un film qui se voulait grandiose (mais sans déranger personne), et qui n'a eu de grandioses que la déception et les soupirs engendrés.



02 mars 2006

Divagations groenlandaises III

À la suite d’incessantes péripéties, mon pédalo atterrit au Wyoming.

Je me félicitai laconiquement de mon excellent sens de l’orientation, bien que je craignisse un instant que ce don prodigieux ne fût pas suffisant pour réussir ma mission floue. Je fis donc ce que les films d’actions m’avaient appris : avancer en fronçant les sourcils. Puis, j’attachai mon pédalo au poteau que je ne vous ai pas décrit et lui laissai du foin pour le tenir occupé jusqu’à mon retour.

Les habitants du Wyoming sont des gens tout à fait charmants aux yeux de quiconque sait apprécier les mâcheurs de tabac aigris qui aiment chevaucher du bétail qui dégage souvent un parfum plus doux que celui de leur cavalier. (Quand le préjugé dit bonjour aux montagnes.) J’avançais donc sur cette voie pavée de bonnes intentions et de terre battue, lorsque surgit devant moi un centre de curling. C’était un signe. La cathédrale du culte du balayage sur glace se hissait devant moi, telle une vertigineuse et douteuse invitation au plaisir des sens.

Puis, tout d’un coup (de manière très soudaine, vraiment), une pluie de sauterelles tomba du ciel (les grenouilles étant en rupture de stock depuis le film Magnolia). Les critiques de cinéma les plus téméraires s’extasièrent en chœur et y décelèrent des signes que personne n’aurait osé offrir lors de la séance de remue-méninges. C’est ainsi que je fis le lien entre George (oui, oui, l’infâme) et ce temple de l’anéantissement de la société des loisirs. Plusieurs n’y virent que du feu. Mais moi, dans ma grande perspicacité, je savais bien qu’il s’agissait de sauterelles, pas de feu.

À la suite d’un interrogatoire inusité, une sauterelle m’avoua tout. Je l’intimai vertement de cesser de me parler de sa consommation de cocaïne et des bonbons qu’elle avait volés au dépanneur dans son enfance. Un clin d’œil complice plus tard, elle obtempéra et me confirma l’odieux jeu auquel se livrait son maître.

- Twister!
- Oh! m’exclamai-je bruyamment, sans voix. (Beaucoup de pratique.)

Il fallait l’en empêcher au plus vite, et m’acquitter d’une mission que personne ne soupçonnait.

Le moyen le plus logique de m’y rendre (vous devinez que c’est au Groenland?) était d’acheter un vieux sous-marin non hermétique. Quelle chance! J’étais devant un concessionnaire dont la platitude de l’annonce télévisuelle m’avait convaincu.

Une musique de film dont je ne pouvais pas payer les droits commença à jouer.

(Vous ne comprenez pas? Bah! Vous pouvez toujours lire l’épisode précédant...)

25 février 2006

T'étais où?

Non, si je ne donne pas de nouvelles, ce n’est pas parce que je fais partie de l’émission Loft Story.

Je ne vous narrerai pas exhaustivement mes modifications de routine, mais le changement a eu des répercussions que je n’avais pas envisagées sur mon rythme d’écriture, par ici. Conjugués au mois de février, mon verbe et ma vie prennent également des tangentes qui rendraient la biographie d’un lombric hautement captivante. Un drôle de mal de cœur le jour de la Saint-Valentin et des Jeux olympiques qui m’inspirent moins ou plus complètent également le portrait de ce merveilleux mois du REER.

Mais sinon, un de mes textes a réussi à voler de ses propres ailes et à naviguer sur les ondes d’une radio qui semble éminemment connue dans le monde du blogue. Hé oui! L’omniscient Patrick Dion a lu un de mes textes dimanche passé passé. En manque d’ordinateur à squatter, chez les beaux-parents, le lendemain d’un party de carnaval, je n’ai pas entendu le résultat. J’imagine que, pour plusieurs, l’anecdote relève de l’insignifiance, mais ces deux minutes de gloire inattendues, non savourées m’ont fait grandement plaisir. En route sur la toujours guillerette autoroute 20, avec ma blonde, j’ai glissé dans la conversation que j’avais écrit un texte qui allait être lu à la radio de l’Université de Montréal. Elle m'a donné la réplique, comme convenu, en s’enquerrant du contenu du texte. Je lui ai résumé succinctement qu’il s’agissait d’un texte sur la campagne électorale fédérale, un peu comique.

- Je te le ferai lire.
- Oui. O.K.

On nageait dans l’enthousiasme le plus pur. Mais enfin, peu importe...

D’autre part, si j’ai découvert que ce site était maintenant une référence pour les recettes de rosbif (désolé!), je suis plutôt stupéfait de réaliser que le site arrive en tête, si vous tapez « J’aime le Groenland » dans google. Et encore plus stupéfait que quelqu’un cherche « J’aime le Groenland », mais ça…

09 février 2006

Concept : Sept listes de sept choses

En passant, ça vient de ...

Bon, ça y est. J’imagine que c’est immanquable; une quasi-consécration qui doit survenir un jour. Vous vous rappelez, à une époque lointaine, de ce premier courriel qui vous avait été transmis, cette farce de blonde décolorée ou cette pensée puérile avec des oursons duveteux qui semble avoir déjà fait deux fois le tour du monde, en trimballant comme des reliques sacrées les noms des gens reconnus coupables de transmission? Oui, revivez ce doux souvenir...

Eh bien, c’est un peu le genre d’intronisation que je vis présentement. Me voilà donc pris avec ce questionnaire qui glorifie le chiffre sept. Le genre de questionnaire qui divise les clans et la famille. Il y a ceux qui s’en offusquent, qui refusent d’obtempérer et qui déversent leur fiel, puis ceux qui les attendent avec impatience, en trépignant de hâte et d’allégresse devant la perspective hautement réjouissante d’y répondre enfin.

Par respect de ces belles traditions, voici donc mes réponses :

Sept choses que vous voulez faire avant de mourir
1 - Vivre (et voyager en vie)
2 - Réaliser la paix dans le monde
3 - Inventer un nouveau chiffre
4 - Rendre le peuple groenlandais fier et heureux
5 - Devenir immortel (avant de mourir, si possible)
6 - Jouer au bonheur continu, avec assurance, sans jamais fausser
7 - Apprendre à me fixer des objectifs réalistes

Sept choses que vous faites bien
1 - Marcher
2 - Respirer
3 - Reconnaître les lettres sur le clavier de l’ordinateur
4 - Attacher mes souliers
5 - Me souvenir
6 - Me mettre de la pression
7 - Vouloir comprendre

Sept choses que vous ne pouvez pas - ne savez pas faire
1 - Acheter un VUS
2 - Cacher des armes de destruction massive dans mon cabanon
3 - Croire George W. Bush
4 - Avoir des menstruations (ainsi qu’accoucher ou allaiter)
5 - Apprécier la finesse d’esprit d’Éric Salvail
6 - Changer l’eau en vin et multiplier les pains
7 - Traverser la vie sans me poser de questions

Sept choses que vous dites souvent
1 - de / cucurbitacée
2 - oui / subrepticement
3 - non / ébauchoir
4 - tu / immarcescible
5 - à / incommensurablement
6 - la / commutativité
7 - le / sterno-cléido-mastoïdien

Note longue et ardue destinée au lecteur. Cela était une question piège. À la suite d’un grand débat intérieur, j’ai dû constater que mes expressions ont souvent des modes et des cycles qui varient temporellement, et aussi selon les personnes auxquelles je m’adresse. J’affirme néanmoins utiliser avec une certaine insistance les lettres e et a. À chacun ses faiblesses, non? N’est-ce pas tout à fait constructif et pertinent comme explication?

Sept béguins pour des célébrités
1 - Karine Vanasse (c’est probablement réciproque)
2 - Romy Schneider (mais son décès a créé un froid entre nous)
3 - Audrey Hepburn (j'ai mal choisi mon époque)
4 - Marie-France Bazzo (disons un béguin radiophonique)
5 - Julie Masse (jadis, jadis)
6 - Zia (dans les Cités d’Or, bien sûr, mais un peu moins maintenant)
7 - Shania Twain (moins, depuis qu’elle a mis son costume d’astronaute-bonhomme Michelin à la coupe Grey)

Et Émily Béguin (juste parce que c’est un jeu de mots idiot, et que les calembours, c’est aussi ça la vie)

Sept choses qui vous attirent dans le sexe opposé
1 - Les yeux, le regard
2 - Le sens de la répartie
3 - La voix, la manière de parler
4 - La vivacité d’esprit, la curiosité
5 - Une certaine candeur bien dosée
6 - La complicité fluide
7 - Ah oui! Un certain rapport esthétique entre les différentes parties de l’anatomie extérieurement visibles (je le concède, la beauté du rein ou du pancréas me laisse légèrement indifférent.)

Sept blogueurs à qui vous passez la main
Hum, ici j’abdique. Jadis, j’ai eu le même réflexe avec le courriel qui me disait qu’un manchot allait être amputé et que les malheurs s’abattraient sur ma maison si je n’envoyais pas le message immédiatement à 15 personnes. Sincèrement, j’ai encore un certain statut de petit nouveau ici, et je crois que la plupart de ceux à qui je pourrais l’envoyer sont déjà en surdose de liens, ou l’ont déjà fait, ou ont clairement démontrer qu’ils ne veulent rien savoir...

Nonobstant cette considération toute personnelle, vous qui passez par ici, je vous invite cordialement à prendre le relais si le goût vous en prend, et cette note deviendra le flambeau commun qui vous fera grandir grâce à la thérapie révélatrice du questionnaire à relais. Voilà donc comment je me défile avec grâce et élégance des responsabilités inhérentes à ce questionnaire.

03 février 2006

Ton 5 à 7, Paul!

On s’agglutine autour d’une table, puis de deux, dans le fond d’une pièce aux boiseries vieillies, aux candélabres électrifiés. Cette agréable jaunisse luminescente nous permet pour l’instant de fuir l’agression fluorescente des néons du bureau, et avec elle, le trop-plein du travail qui s’accumule puis des dates d’échéance qui approchent trop vite. Chaque nouvel arrivant est une victoire additionnelle qui célèbre le triomphe de l’organisation de dernière minute.

On ponctue la conversation parfois gauche de rires parfois surchargés. On tente d’éviter les écueils de la conversation trop axée sur les projets au travail, sur les enfants à la garderie. Les sujets patinent, nagent et glissent. Les cellulaires finissent par sonner; des comptes doivent être rendus. Certains négocient habilement ou effrontément leur liberté provisoire, et paieront chèrement leur bière bue sur du temps emprunté à la vie familiale.

Les minutes se distillent, la conversation se fluidifie. Le plaisir est sincère et dissipe la routine de février.

La marmotte vit-elle son ombre? Peu importe. Le prétexte était ridiculement parfait, le 5 à 7 fut apprécié.

25 janvier 2006

Il était une fois les décisions

Il était une fois un peuple qui n’aimait pas trop le rosbif. Le peuple se faisait donc servir du poulet depuis de nombreuses années, sans que le goût de la volaille ne plaise à tous. Bien sûr, il y avait bien une partie de la population qui préférait la tourtière, mais la tourtière était un produit du terroir offert régionalement. Il y avait aussi du poisson, mais le peuple n’était pas certain. Dans l’imaginaire collectif, seulement le poulet et le rosbif étaient des choix indiqués pour le plat principal. Le poulet revenait souvent.

Mais un jour, une grippe aviaire fortement commanditée survint. Les gens prirent conscience et peur du même coup. Le poulet fut rejeté, le peuple n’en voulait plus. Les bonnes gens se dirent donc qu’une nouvelle recette de rosbif existait peut-être, et du rosbif fut commandé.

Et là, le peuple attend, en espérant que la nouvelle sauce aura changé le goût du rosbif. Certains craignent et d’autres espèrent que ça goûtera le poulet.

À table!

Aucun plat ne fait l’unanimité. Et nous allons y goûter. Et il y a fort à parier qu’au bout d’un certain temps, le goût du rosbif ne sera plus camouflable.

D’accord, les élections sont maintenant derrière (et à droite de) nous.

« Au fait, si je vais à Lévis cette fin de semaine, je dois au préalable aller acheter un chapeau de cow-boy? »



P.-S. – Rosbif, poulet, tourtière et poisson, allez maintenant en paix! Je vous dégage de toute responsabilité, vous ne fûtes que métaphore et allégorie, l’espace d’un moment.

20 janvier 2006

Campagne électorale fédérale

Canada (2006)
Comédie tragique à très très grand budget, avec P. Martin, S. Harper, J. Layton, G. Duceppe et beaucoup de figurants.
Dans un pays où règne le fait divers, quatre hommes se livrent à des joutes animées afin de déterminer qui sera couronné. Les médias éclairent ensuite le bon peuple en leur livrant trois sondages par jour, et en leur disant qui a crié le plus fort.
Intrigues souvent légères, surabondantes et mal développées. Jeu manquant de crédibilité, acteurs non convaincants. Mise en scène souvent ridicule. Clichés redondants.

Extraits juteux :

P. Martin – Je vous promets que… je serai prudent… euh… la prochaine fois que mon gouvernement vous volera, je ferai tout… pour que vous ne l’appreniez pas…

J. Layton – Je vous promets la pouding à le riz pour toute le monde, et le retour en farce de le moustache…

G. Duceppe – Heureusement, je vous promets heureusement que je ne deviendrai pas premier ministre du Canada… Heureusement, ici c’est non seulement Radio-Canada et Pepsi, mais aussi le Bloc.

S. Harper – As long as we do not speak about human rights, environment, social politics, justice, education and health, we share the same values... Oh! I'm not elected yet, I should also speak the other language for a few more days...

18 janvier 2006

Le bonheur des uns...

Simplement se lever le matin pour aller travailler, ça peut passer.

Se lever pour aller travailler le matin… et voir sa blonde retourner se coucher, le sourire aux lèvres, graciée par une école agréablement fermée en raison de routes joyeusement verglacées, ça suscite une certaine envie.

Allez, entends ces ondes : peinture le salon!

13 janvier 2006

Voulez-vous qu’on vous fasse un dessin?

« Ce qui compte en politique, ne le nions pas, c’est l’image. »

Analyse 101
En effet, pour les Cow-boys flagrants, tout est dans le logo…


Le discours des Conservateurs est par conséquent illusoire, puisqu’il est impossible de former un C correspondant au résultat illustré. En acceptant les plans proposés par le logo optiquement mensonger, le seul constat valable est que la résultante serait affreusement tordue, infidèle à l’image montrée.

Par ailleurs, l’analogie avec Pacman est incontestable. Ainsi, lorsque Pacman avalait une grosse pastille, il devenait temporairement invincible et se propageait à toute vitesse vers les fantômes aux reflets radioactifs. Ici, la feuille d’érable représente vraisemblablement cette grosse pastille, toute pleine de glucose, qui lancera Pacman, drapé dans une invincibilité illusoire - et là, l’image le prouve clairement - à toute vitesse vers la droite.

Vous voyez. Tout est clairement dessiné.

10 janvier 2006

Les matins difficiles

Le réveille-matin et moi, nous éprouvons un différend qui ne peut pas s’atténuer. Le dialogue est devenu pénible, irréconciliable. Au début, nous avons fait certains efforts. Maintes fois, je l’ai laissé ruminer ignoblement. Mais ensuite, j’ai dû lui faire comprendre qu’il se méprenait totalement sur le sens de notre relation s’il croyait qu’il lui suffisait de crier pour que j’obtempère aussitôt. Peu à peu, je le crains, la mauvaise foi s’est installée…

Au début, je lui en tins rigueur. Je le négligeais même, parfois. Ça arrive dans les meilleures familles. Nous en avons parlé ensemble. Il me provoquait avec ses aiguilles qui arrivaient trop tôt sur certains chiffres fatidiques. Le matin, il me narguait, je le sentais bien. Je résistais à la tentation de le mutiler, de lui arracher la pile proéminente qui se détachait dans son dos, tel un talon d’Achille mal dissimulé. Il aurait été si facile de le déposséder de son énergie vitale! Pour le bien commun, je me retenais et me répétais combien il était vile de s’en prendre à plus petit que soit.

Notre relation ne pouvait plus continuer. Un jour, impunément, je l’ai remplacé par un plus gros, plus performant, plurifonctionnel et tout… J’attisai sa jalousie et envoyai finalement paître son mince attirail de plastique jaune, translucide, aux oubliettes des cadrans mal-aimés. Une nouvelle relation pouvait naître, sur de bonnes bases solides.

Néanmoins, je refusai de le laisser siffloter doucement au réveil. C’était le cri guttural, la manière forte qu’il me fallait! Lorsque ma blonde et moi emménageâmes ensemble, elle prit soin de souligner que, pour les matins où les horaires coïncidaient, elle serait responsable du réveil, elle qui (à l’aide de son cadran à elle) maîtrisait avec doigté l’art du lever au petit jour, et qui abhorrait la rustre charge émotive de mon radio.

Les horaires s’étant stabilisés, j’ai redéfini mon appréciation du sommeil matinal, ma vision du déjeuner rapide, puis j’ai de nouveau eu recours au réveille-matin. Le cri guttural fit lentement place au bourdonnement d’une radio aux ondes plus ou moins claires.

Hier soir, c’était la fin d’une époque. J’ai cédé : j’allais opter pour le CD. Or, la tâche est ingrate; elle ne peut être confiée à n’importe qui. Quel disque pourrait convenir, sans que ne lui soient associées les représailles de ma mémoire pour ces dérangements matinaux malaisés, mais obligatoires? J’ai cherché rapidement, à la dernière minute. J’ai ouvert un boîtier des Beatles, mais les disques avaient pris la fuite, avec tant d’autres, dans un étui que le froid séparait de moi. Le choix était donc limité. Sur le bureau, j’en pris un au hasard, acheté sans trop de discernement, et le mis dans le gosier du réveil. Je ne poussai même pas la curiosité jusqu’à regarder le titre de la première piste, trouble-fête à venir…

Ce matin, à l’heure convenue, tonitrua la première piste de l’album : « Shut up! »

Incroyable, c’était justement la pensée qui me traversait l’esprit, exaspérant mais nécessaire réveille-matin...

06 janvier 2006

Bienvenue en 2006

La tourtière décante. Une certaine accalmie gastrique s’insinue.

Les vacances s'épluchent. Un lit, c’est tellement confortable le matin.

Étrange période des Fêtes. Neige tombée, autoroute 20 bloquée, vie temporaire de commune dans les Bois-Francs. Arrive un moment où on dirait que les gens se multiplient. Survient un moment où les réunions se sont trop multipliées. On se surprend à prier pour une pause d’intimité.

D’autre part, je suis à mon grand étonnement maintenant pourvu en fait d’outils et prêt à tourner mes propres publicités vantant ma nouvelle scie circulaire, mon ensemble impressionnant de tournevis, mon échelle rétractable multifonctions… Où doit-on s’inscrire au club Canadian Tire? Y a-t-il des rencontres hebdomadaires? (Clarifions les propos : Ces cadeaux seront utiles pour l’ensemble de mon œuvre casanière, je n’ai pas le moindre doute à ce sujet. Tout va bien, pas de polémique.)

Enfin, encore quelques jours à profiter de cette pause presque entièrement écoulée.

Interruption/conclusion

Ma blonde vient de surgir dans le bureau, une feuille coupable entre les mains. Elle corrigeait des textes d’étudiants et une phrase s’est démarquée. L’heureux lauréat a écrit, reproduit tel quel :

« Ils avaient appris que le présidant de l’Afrique, et son allier, le maire de l’Égypte, voulaient la guerre. »