01 août 2006

Mon patio est plus grand que le tien

Je n’étais pas ici, mais je peux vous le jurer, j’étais ailleurs. Dans l’antichambre de cet espace, j’ai eu beaucoup à faire, vous savez.

Mon abri hypothéqué me réclame moult soins que je me sens disposé à lui accorder. Ainsi, après avoir mis à nu la deuxième volée de marches intérieures, tout l’escalier a connu les joies de la teinture pacane dorée et a succombé à la volupté du vernis à plancher. Des tablettes s’empressèrent de réclamer cette teinture d’allégresse, et elles me surent gré d’avoir acquiescé à leur souhait. Fort de cette expérience solidement acquise, je poussai l’audace jusqu’à entreprendre la quintessence de la tâche manuelle maison; l’Himalaya de la rénovation; oui! oui! arrangeons le patio. Bien assez tôt, après avoir vérifié la capacité de mes fortes solives actuelles et jaugé la faisabilité d’un projet ambitieux d’agrandissement où le porte-à-faux régnait en maître sur deux pieds de portée, je décidai de me lancer et nous nous attaquâmes au garde-corps. Je me dirigeai vers le fournisseur régional, en quête de deux sur six, de tire-fond et de vis enduites d’époxy, tout prêt à mettre un peu de rêve viril sur une carte de plastique. De retour, en m’attelant à la tâche, je découvris rapidement que l’ancien propriétaire était un être tourmenté par la construction en bois, et que monsieur le bricoleur avait décidé d’utiliser des clous vrillés de quatre pouces. Et quoi encore? Monsieur eût probablement jugé bon d’avoir une fondation en ouate, mais il fallut qu’il se bornât à rendre le remplacement du platelage atrocement laborieux. (Attention, blague facile dans quelques instants.) En fait, ces clous étaient de véritables vices cachés. (J’avais été clair.)

Ce fut donc notre baroud d’honneur. N’écoutant que notre insouciante soif de patio, nous entreprîmes de dégarnir les solives. Ce fut une grande épopée. Récemment, après avoir arraché le dernier calvaire métallisé, je retroussai la dernière planche. J’avais vaincu. David contre Goliath, moi contre l’impénitent ancien propriétaire: un même combat. Peut-être un jour verrai-je cet épisode historique à Canal D, après un documentaire qui montre des esclaves égyptiens en train de hisser des pierres au sommet d’une pyramide.

Mais maintenant, je tiens à me recueillir un peu pour saluer la mémoire d’un marteau qui n’a pas survécu au projet. Adieu, vole de tes propres ailes. Tu as fait tout ce que tu pouvais ici. Nous nous en remettrons. Va, et sois heureux dans ta nouvelle vie.

Désolé à mes voisins, qui doivent songer à militer pour un cessez-le-cognement immédiat, voire durable et permanent.

2 commentaires:

Mamathilde a dit...

Pouah! J'ai vraiment rigolé en lisant ton épopée digne de Gilgamesh!

Je suis très contente de ne pas faire partie de ton voisinage.

François a dit...

Ne craignons pas de redéfinir l'épopée, en effet!

Et pour ces chers voisins, le mode construction s'est poursuivi avec une perceuse électrique en main, presque silencieusement. Il ne reste plus que les garde-corps. Enfin...