28 janvier 2010

Balzac et le petit matin du premier janvier

Premier janvier au matin. Je tournoyais dans le lit depuis une demi-heure, les yeux ouverts en mode panoramique, me redisant encore une fois à quel point la fille de 12 ans que ma blonde fut jadis s’était laissée aller à un désolant choix de couleurs de murs pour sa chambre.

À 5 h 30, dans un sous-sol au mois de janvier, c’est tout de même un peu moins apparent. Axiome de biscuit chinois: on pas toujours choisit sciemment premières réflexions d’année.

À 6 h, c’était assez, j’ai brisé une belle habitude de paresse matinale, je me suis levé.

Dur de dire pourquoi je ne dormais pas. Cocktail de réponses probables: le café trop concentré de l’oncle chez qui nous étions avant le décompte, les quatre repas en un, le vin dans lequel tout ça baignait désormais, et je mise aussi sur le mélange avec la pilule qui empêche de cracher du chat pendant deux jours. Mais c’est clair, je sais pertinemment qu’il y avait quelque chose d’anormal, car je suis monté et j’ai lu du Balzac pendant une heure.

De 6 h à 7 h.

Dans un fauteuil en cuir confortable.

Du Balzac!

Sans m’endormir.

Ça relève du paranormal.

Il y avait quand même un peu de normalité; je pestais ardemment, à l’intérieur même de mon for qui se trouvait là, contre les notes de bas de page. Par exemple, quand après «[ils] marchaient du même pas», l’annotateur compulsif s’exclame, tout exubérant et plein d’une joie de jouvencelle: ça c’est merveilleux, c’est parce qu’ils sont en amouuuur, en parfaite symbioooose, comprends-tu, le vois-tu comme c’est beauuuu?

Puis, tout d’un coup comme ça, pendant que la peau de chagrin rétrécissait, j’ai réalisé que j’allais devenir père dans moins de dix semaines. Et ça passe vite, moins de dix semaines.

Je suis retourné me coucher.