15 novembre 2006

Bilan groenlandais

Cher Groenland,

Alors, as-tu humé dans l’air pur le parfum de bilan qui arrivait au loin? Non, pardi? Tu n’as pas senti ça? Bon, ça va. Ce n’est pas exactement comme si je l’avais remarqué rapidement aussi.

Mais voilà, c’est que ça fait un an. Tu sais, le premier message dans une bouteille de format HTML qu’on lance au loin (enfin je dis lancer au loin, mais c’est plutôt comme faire débouler en bas des marches derrière l’écran)… Oui, voilà. Un an de je. Hochement de tête. Eh bien. Hum. Hum hum.

Donc, je n’avais pas l’intention de trop t’embêter avec ça, mais tu vois, parfois, il me vient des lubies de faire des trucs. Oui, je me sens comme un comptable plein d’imagination qui aurait le goût de faire des listes et des mises au point. Ouf! Que de frasques, oh! c’est qu’on ne rit plus là… Ça serait pas une petite gêne que je ressens tout d’un coup? Avoir des projets aussi farfelus, c’est bien moi.

En fait, c’est qu’en théorie (pour peu que des théories puissent exister à ce sujet) il doit bien y avoir des raisons pour faire tout ça par ici? Un an, ça doit être amplement suffisant pour en dresser une belle liste ordonnée? Même pas; je continue d’avancer en suivant la ligne floue de mes jours, sans m’empêcher de marcher sur les craques de trottoirs de mes jours. Sinon ça devient psychotique et ça ne rend pas les mères bien fières de leur petit gars. Mais en y songeant un peu, comme ça, au flou et au doute, je me suis dit que c’est beaucoup pour ça que je suis ici. Sans le doute, pas d’écriture. C’est vrai même pour les listes d’épicerie. Tu crois que tu vas peut-être oublier d’acheter les petits yogourts que ta copine aime tant? Voilà, tu écris «Petits yogourts pour Chérie» sur une feuille collée sur le réfrigérateur et tu te sens déjà mieux. Tu as une équation quadratique et tu n’es pas certain de la valeur de x? Tu sors ton crayon et, avec un peu de chance, ça se résout bien. Dans le doute, vois-tu, tu écris. Ipso facto, j’écris.

Faut pas se méprendre, c’est parfois très bien le flou. De toute façon, à quelque part, t’as toujours su que le binaire, ce n’était pas pour toi. Bon, je parle pour toi, c’est presque impoli. Ce n'est pas pour moi, donc. C’est le principe de la logique floue. Vrai ou faux, avec une certaine probabilité. Il me semble que cette seule petite dose de peut-être remet les choses en perspective.

Et si après le doute vient l’écriture, après l’écriture il vient quoi? La conscience? La sérénité? La paix dans le monde? Vrai, avec une certaine probabilité. C’est probablement ce qui fait que je ne me suis pas arrêté après le lait et le pain de ma liste d’épicerie.

Au fait, te dis-tu, pourquoi ne pas parler de ce site à tous tes collègues, à ta sœur et à la femme de ta maison? Et à ce voisin qui arrose son asphalte tout l’été en habit de bedon, et que parfois, pas trop fort, dans ta tête, tu t’avises de trouver un peu con? Pas de réponse. Un lobby du néant s’acharne sur la question.

Bon, il se fait tard, alors je te laisse à tes glaciers qui fondent trop vite.

Voilà. Et je renouvelle le bail.

3 commentaires:

Butterflies in my stomach a dit...

Ouf!
J'ai cru un instant que c'était un adieu.

Anonyme a dit...

Moi aussi...
Vive le Groenland !

François a dit...

Mais non, il faut croire que je m’incruste… J'étalais simplement quelques constatations.
N’empêche, je vais prendre ça pour du soutien! Et au moment où je tirerai la prise, je saurai quel genre de début il faut employer!