13 octobre 2010

Appartement 2

Sous notre appartement, les locataires changeaient régulièrement. Deux filles-mères sont restées un certains temps. On craignait souvent pour les enfants; les bruits qui traversaient le plancher n’étaient pas des plus rassurants. Beaucoup trop de claquements et de cris dans toutes les tonalités. On marchait alors en appuyant fort sur les talons: vous entendez, on entend aussi, vous pourriez pas réviser vos méthodes d’éducation?

La journée où on est finalement déménagés de là, une nouvelle tribu s’installait dans l’appartement 2, le sang déjà bien alcoolisé dès le milieu de l’avant-midi. En fin d’après-midi, on entend gueuler quelque part: «Heille tabarnac, quand je tourne le piton du four, ça dimme la lumière du plafond.» Avec un rire appuyé, le gars qui avait le tabarnac joyeux ce jour-là apostrophe ma mère dans la cage d’escalier en tapis vert usé: «Awoueille madame, viens voir ça.» Probablement avec un air de «mais oui, me semble» dans le front et le sentiment qu’il ne faut pas froisser la jovialité du bonhomme, elle zyeute rapidement. Hé bien, c’est vrai. Tu mets le four à bake, tu montes le tout à 450 Fahrenheit, gros éclairage au-dessus de la table; tu baisses le four à 250, tu obtiens un joli effet tamisé.

Comme quoi les fours ont parfois leurs raisons que l’électricité ne connaît point.

Aucun commentaire: