14 novembre 2007

8 – Tu ne feras pas de faux témoignages

Il importe encore plus particulièrement pour ce point-ci de citer exactement, donc:

(20.16) Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.

Tu avoues aimer tout spécialement la version allongée, qui ne décourage pas les faux témoignages globaux. C’est évidemment une chance d’avoir l’assentiment partiel de Dieu lorsque vient le temps de faire un faux témoignage bénin, mais tu conviens aussi qu’il devient parfois difficile de valider si ton faux témoignage possède quelque aspect rédhibitoire pour ton prochain (que tu dois aimer, s’il faut le rappeler, même si c’est arrivé beaucoup plus tard dans le récit).

Mais comme tu te rends rarement en cour afin d’accuser des gens de crimes qu’ils n’ont pas commis, tu trouves que c’est plus communément le vrai témoignage qui joue contre ton prochain. Dire toute la vérité tout le temps à tout le monde en toutes occasions pour que tout aille bien est une lubie utopique en laquelle les gens cessent normalement de croire en même temps qu’ils réalisent lors d’un réveillon que le père Noël a les mêmes yeux, la même voix, les mêmes chaussures que leur père et qu’il boit aussi la même bière. Et que si tout va bien dans leur famille, c’est en effet sur la hanche de leur mère qu’il a posé sa main tantôt dans le corridor. Et si tout coïncide bien pour eux, ça survient avant la puberté.

Il faut comprendre qu’il ne s’agit pas de dire systématiquement le contraire de ce que la vérité commanderait d’énoncer, et ce, avec pour seul objectif celui de semer du bonheur factice dans les cœurs crédules. Du moins, pas selon ta vision des choses. Mais bien sûr, il est parfois plus facile de dire à tante Yvette que tu rencontres aux trois ans que, ça va, ses cheveux sont bien (sans mentionner leur teinte violacée probablement non désirée, mais c’est bon, on ne le remarquera jamais avec quelques cataractes), que sa tarte est bonne (qui n’aime pas les tartes brûlées? et quelle quantité de bicarbonate il y a là-dedans, au fait?) et que son oiseau piailleur est ravissant (bien qu’une recette de ragoût vienne discrètement de traverser ton esprit). Par contre, il faut évidemment faire attention à la portée du commentaire en prenant garde de ne pas dénaturer ses propos.

Autrement dit, ça prend énormément de doigté et de courage pour dire à ta copine que, finalement, tu préférais ses cheveux comme ils étaient avant (exemple fictif, souligneras-tu, au cas où, enfin…).

Bref, en osant dire une telle chose, malgré tout ce à quoi tu t’exposes en agissant de la sorte, tu peux toujours te réconforter en songeant que tu ne fais pas de faux témoignage contre ton prochain. Non, il n’y a pas de minces consolations.

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