Dernièrement, dans un sous-sol près de mon rez-de-chaussée, l’homme et la femme de la maison (mais surtout l’homme, n’en déplaise à madame) se sont attaqué au couvre-plancher. Le couple moderne se méfie souvent (hélas!) trop peu des périls de la rénovation.
À n’en point douter, il faudrait bien plus qu’une panoplie de livres beiges identiques, rédigés en suédois, bien ordonnés dans mes étagères sans poussière, pour transformer mon havre résidentiel en salle de montre d’IKEA, quelque évocateurs que soient les noms de couleurs que nous apposerons sur les murs. Or, le plancher en tapis rappelant affectueusement le vert-de-gris de l’acide qui s’échappe d’une pile alcaline ne nous émoustillait plus. Le linoléum retroussé et déchiré de la pièce à l’avant non plus. Nous étions enfin prêts pour vivre le grand rêve de la rénovation, en chantant en chœur l’étendue de notre joie, dans l’exaltante comédie musicale du Club-Réno-Home-Rona-Dépôt-Tire. Ensemble, nous étions prêts à faire la connaissance de notre futur plancher de bois flottant.
Les préparatifs furent émouvants. L’hêtre, l’érable, le chêne, le pin et même le bambou venaient pavaner leurs meilleurs atouts devant nous, en tentant de nous séduire par la qualité de leur groove (dixit vendeur nommé Roméo, «Oh yeah! groovy floor boy!»), par leur calibre remarquable, par leur taux de compressibilité renversant, par leur étonnant fini lustré ou par leurs motifs délicieux à saveur rustique, campagnarde ou moderne. Nous naviguâmes entre les prix d’amis (oui Roméo!), les vieux planchers bleus en plastique invendus depuis 1997, les vieux classiques du bois flottant à prix et à apparence modiques, et les nouvelles vedettes du genre (regard amouraché, «Ça, c’est mon p’tit dernier!»), les nouveaux trésors de la rénovation, le nouvel avatar divin fait plancher.
Après tergiversations, nous jetâmes notre dévolu sur une sélection judicieuse.
- Oui, chérie, bernons nos voisins. Optons pour le pin de Georgie!
- Oui, mon amour, quel joli côté rustique. Comme sa teinte réconfortante me réjouit! Vois comme elle va bien avec nos étagères ragaillardies.
Alors depuis ce temps, tel le couple modèle des annonces de Canadian Tire, je joue du ruban à mesurer et de la scie sauteuse dans un tango sulfureux, puis nous glissons les lattes dans leurs rainures si désirables. Les plinthes s’empilent dans un tas instable, nous haussons parfois le ton. Le bonheur s’effriterait-il?
- Pourquoi pas la petite, là?
- Non, regarde la rangée d’avant!
- Celle-ci, ça va!
- Non, regarde la rainure! Le groove, baby, le groove!
Il reste encore une pièce et une garde-robe. Bien, c’est possiblement tout ce que le couple est encore capable d’affronter.
À n’en point douter, il faudrait bien plus qu’une panoplie de livres beiges identiques, rédigés en suédois, bien ordonnés dans mes étagères sans poussière, pour transformer mon havre résidentiel en salle de montre d’IKEA, quelque évocateurs que soient les noms de couleurs que nous apposerons sur les murs. Or, le plancher en tapis rappelant affectueusement le vert-de-gris de l’acide qui s’échappe d’une pile alcaline ne nous émoustillait plus. Le linoléum retroussé et déchiré de la pièce à l’avant non plus. Nous étions enfin prêts pour vivre le grand rêve de la rénovation, en chantant en chœur l’étendue de notre joie, dans l’exaltante comédie musicale du Club-Réno-Home-Rona-Dépôt-Tire. Ensemble, nous étions prêts à faire la connaissance de notre futur plancher de bois flottant.
Les préparatifs furent émouvants. L’hêtre, l’érable, le chêne, le pin et même le bambou venaient pavaner leurs meilleurs atouts devant nous, en tentant de nous séduire par la qualité de leur groove (dixit vendeur nommé Roméo, «Oh yeah! groovy floor boy!»), par leur calibre remarquable, par leur taux de compressibilité renversant, par leur étonnant fini lustré ou par leurs motifs délicieux à saveur rustique, campagnarde ou moderne. Nous naviguâmes entre les prix d’amis (oui Roméo!), les vieux planchers bleus en plastique invendus depuis 1997, les vieux classiques du bois flottant à prix et à apparence modiques, et les nouvelles vedettes du genre (regard amouraché, «Ça, c’est mon p’tit dernier!»), les nouveaux trésors de la rénovation, le nouvel avatar divin fait plancher.
Après tergiversations, nous jetâmes notre dévolu sur une sélection judicieuse.
- Oui, chérie, bernons nos voisins. Optons pour le pin de Georgie!
- Oui, mon amour, quel joli côté rustique. Comme sa teinte réconfortante me réjouit! Vois comme elle va bien avec nos étagères ragaillardies.
Alors depuis ce temps, tel le couple modèle des annonces de Canadian Tire, je joue du ruban à mesurer et de la scie sauteuse dans un tango sulfureux, puis nous glissons les lattes dans leurs rainures si désirables. Les plinthes s’empilent dans un tas instable, nous haussons parfois le ton. Le bonheur s’effriterait-il?
- Pourquoi pas la petite, là?
- Non, regarde la rangée d’avant!
- Celle-ci, ça va!
- Non, regarde la rainure! Le groove, baby, le groove!
Il reste encore une pièce et une garde-robe. Bien, c’est possiblement tout ce que le couple est encore capable d’affronter.
3 commentaires:
Oh God! Je me suis toujours arrêtée aux bibliothèques. Vous ne manquez pas de courage.
Il faut spécifier qu'il fallait aussi bien du courage pour endurer le tapis...
Tes bibliothèques se portent bien, au moins?
Celles que j'ai oui, les dernière que j'ai montées, je ne sais pas : je n'habite plus avec elles depuis fort longtemps.
Publier un commentaire