12 décembre 2007

10 – Tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain

Quiconque a tenté de s’expliquer le conflit armé israélo-palestinien est probablement parvenu à la même conclusion: tout puise sa source dans le dixième commandement.

(20.17) Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain […], ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.

Car enfin, à la base, c’est une histoire classique de convoitise de la maison d’autrui.
– Tu as pris mon chalet, sur la band’ de Gaza
Ah! Je te maudirai toi et ta descendance.
– Quoi? Holà du chameau, ce chalet est à moi
Ah! Je te maudirai toi et ta descendance.
– Là, rends-moi mon chalet! (Bon, histoire classique, mais ça suffit pour les alexandrins.)
– Voyons, réglons ça à l’amiable, tu es sûr qu’on ne peut pas s’entendre pour 70 vierges?
– Infidèle! Tu ne mérites mêmes pas un chameau.
– Convoiteur de la maison de ton prochain! Tu ne mériteras que 70 raisins secs.
– Celui qui le dit, celui qui l’est. Je vais le dire à ton Dieu…

Comme tout conflit s’envenimant à la maternelle, la légère brouille qui a cours au Moyen-Orient se réglerait assurément en appliquant la méthode traditionnelle avec discipline: les amis, on partage la maison, sinon tous les deux dans un coin à réfléchir et on confisque la maison.

Penses-y. En épilogue, les hommes se serrent dans leur bras, se sourient, se complimentent sur la nouvelle décoration de la salle à manger du chalet, organisent un méchoui (bon, peut-être pas un méchoui), ou un déjeuner, tiens, avec des croissants de soleil à saveur de miel et de rosée (bon, peut-être pas de rosée). Un peu plus et ils écouteraient du Lara Fabian, mais on les empêche, on ne veut quand même pas que le conflit reprenne tout de suite.

Ah! quoi? Il y a une autre solution? On tue l’autre ami et on garde la maison? Pardi, c’est bien trop simple. Oh! attends: le commandement de Dieu sur l’assassinat? Pardon? Légitime défense, c’est lui qui a commencé?

Le Moyen-Orient est un peu une maternelle, mais les ciseaux n’ont pas de bouts ronds en plastique.

Donc voilà, il faudra faire attention la prochaine fois que tu te promèneras dans le quartier et que tu penseras, oh! comme cette maison a une jolie galerie, et quels volets merveilleux, je parie que les divisions intérieures sont superbes et que la lumière entre bien, non, mais regarde ce pignon... C’est très dangereux, ces pensées-là.

7 commentaires:

Anonyme a dit...

Des fois y'a des phrases dont on voudrait être l'auteur, du genre "On veut du Beef-a-roni" ou "Prends en donc un vraie", mais celle-là : "Le Moyen-Orient est un peu une maternelle, mais les ciseaux n’ont pas de bouts ronds en plastique", est vraiment imbattable...

Mercurius Mendax a dit...

Encore plus radical: et si la seule et originelle source d'injustice était la propriété ?

Je serais assez rousseauiste (quelle belle phrase - ci-dessous)

"Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire: Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables: Gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne."

Anonyme a dit...

Proudhoniste, va... :)

François a dit...

Érich, partie 1 : Merci bien, mais pourtant, j’ai essayé de la vendre à une compagnie de biscuits chinois; ça n’a étonnamment pas fonctionné. Je mise maintenant sur les pensées du jour du TVHebdo.

Mercurius : Jolie phrase, oui, mais l’idée derrière me paraît pas mal utopique, je n’ai pas cette foi-là. N’empêche, utopie signifiant littéralement « en aucun lieu », ce serait certainement difficile d’en devenir propriétaire. Mais si j’y vais un jour, ça me fera plaisir de partager avec Peter Pan et de ne pas y planter de drapeau canadien.

Érich, partie 2 : Je ne crois pas que le commentaire s’adresse à moi, mais ce n’est pas une raison pour ne pas y répondre. « La propriété, c’est le vol », disait donc Proudhon. Et au final, il clamait que « la propriété, c’est la liberté ». Alors bon, penser que « le vol, c’est la liberté », je ne suis pas tout à fait prêt à y souscrire… (J’avoue que j’ai regardé un peu son wikirésumé de vie, je ne savais plus trop à quelle saison de Loft Story il avait participé…)

Galad a dit...

Donc, si j'ai bien compris, convoiter le bien, c'est mal...

Cela dit, c'est avec regret que je constate qu'après les sept péchés capitaux la série des dix commandements est aussi terminée. On peut s'attendre à quoi pour la suite, les 26 états membres de l'Otan, les 9 branches le l'Hanouka, les 12 épouses de Mahomet ou les 7 merveilles du monde?

Mercurius Mendax a dit...

Les trois vertus théologales, les quatre sens de l'Ecriture, les sept ciels ...

François a dit...

Galad, quel excellent esprit de synthèse! Et convoiter le mal, c’est malsain.

Et pour les listes, celles que j'ai en tête présentement sont très prosaïques et arrivent à échéance avant Noël, mais bon, je vous remercie de ne pas avoir songé aux mille et une nuits de Shéhérazade ou aux 92 Résolutions des Patriotes...