08 février 2010

Aladin, la peau de chagrin, et le monsieur qui a souhaité que les saucisses collent sur le nez de sa femme

Je comprends le principe; il faut jouer à faire comme si, accepter et c’est tout, sinon il n’y a plus d’histoire ou la blague ne tient plus. Je sais. Mais ça m’a toujours agacé.

Enfin, je ne veux pas bousiller les règles, semer la pagaille et récolter ce qui pousse lorsque la pagaille est plantée dans un terreau fertile, mais il me semble qu’il s’agit de règles particulièrement faciles à contourner.

Étude de cas numéro 1: tu es un pauvre va-nu-pied moyen-oriental au cœur tendre et pur comme le diamant brut (si ta mère le dit) et tu trouves une vieille lampe. Tu la trouves un peu sale sur le coin, là, voyons donc. Tu frottes et pouf! tu ne croiras jamais ça, mais un génie sort. Tu as trois vœux, qu’il te dit. Seulement trois petites clauses d’exclusion au mandat: il ne peut tuer personne, faire tomber une personne amoureuse d’une autre ou ressusciter les morts (car c’est dégoûtant).

Étude de cas numéro 2: pauvre toi, on ne choisit pas son destin, te voilà pris dans un roman de Balzac. Faustien dans l’âme, tu échanges celle-ci (je te comprends, une âme, à quoi ça sert au final?) contre une peau de chagrin qui exaucera tes désirs en rapetissant à chaque coup. Quand elle aura disparu, tu ne seras plus. N’empêche, à ce moment, on sera content d’avoir fini le livre.

Étude de cas numéro 3: tu es dans une histoire sans fin dont, hormis le titre, j’ai à peu près tout oublié des grandes lignes du scénario sans fin. Grosso modo, tu fais des vœux et tu perds un souvenir à chaque fois. Au temps t = infini moins 4 de l’histoire, il y a de la musique prenante et je crois qu’on t’incite à faire un souhait qui risque d’effacer le souvenir de ta mère.

Étude de cas numéro 4: tu es dans un conte qui me fascinait plus jeune, et je dois dire que tu as une drôle de femme (tu es assez idiot toi-même d’ailleurs, tu verras). Un poisson magique ou quelque autre truc du genre te dit que tu peux faire trois vœux, car c’est ça le standard. Ta femme est super heureuse, elle hésite puis, euh, elle dit qu’elle voudrait des saucisses, elle aime bien les saucisses. Pouf! des saucisses! Tu te mets en furie. Quoi? Des saucisses! Oh mon innocente, je voudrais bien que ces saucisses te collent au nez. Pouf! les saucisses collent au nez de l’innocente personne aux goûts simples. Elle tire, tu tires, vous tirez. Rien à faire, des saucisses, ça colle très bien au nez des innocentes lorsqu’on l’a souhaité. Alors tout piteux, vous faites votre dernier vœu: ouais, c’est bon, on veut que les saucisses décollent.

Étude de cas numéro 5: une fois c’est toi, comprends-tu, et tu es un Newfie, une blonde ou un Belge (tu sais dans ce cas que tu n’es pas dans une blague locale, c’est de l’importation). Tu es dans le désert, sur une île déserte ou au terrain de golf, avec un Américain, un Anglais et un Français, mais bref, ça arrive toujours tout simplement, on t’accorde ou on vous accorde trois vœux.

Donc, je dois être un rebelle du souhait dans l’âme (que je n’ai pas encore vendue, faudra voir sur e-bay), mais il me semble que ça ne prend pas la tête de la rue Papineau pour faire le souhait d’avoir plus que trois souhaits, pour désirer l’agrandissement de la peau de chagrin ou pour demander de retrouver tous ses souvenirs.

Mais bon, c’est souvent complexe avec les concepts irréels; ils sont sous-tendus par une infinité de règles non existantes particulièrement strictes.

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