26 novembre 2009

Bilan automnal (incluant les mots amours, délices et orgues)

Cher Groenland,

Ça fait quatre ans. Des noces de cire, imagine-toi donc; ha, mais l’année passée, c’était de froment, je n’ai même pas osé t’en parler. Je sais, il y a eu relâchement cette année. Un peu comme si s'être fait construire (donc choisir des luminaires, des comptoirs de salle de bains et des bardeaux sur des échantillons de 2,25 pouces carrés, à deux, et s’entendre sur le choix, et multiplier cette décision par beaucoup de choix); et attendre un bébé (donc faire une table de concertation conjugale pour la couleur des murs, la literie, la poussette, ah! la poussette, et ah oui, l’autre chose que les gens utilisent quand même assez souvent: un prénom); et travailler (donc choisir des foules de trucs encore, et ce n’est pas toujours plus facile parce que ce n’est pas avec ta blonde qu’il faut former quorum)… oui, un peu comme si tout ça laissait moins de temps pour fanfaronner dans la neige. On en est venu à vivre des amours distantes, des délices espacées et on attendra longtemps les orgues imposantes. Au fait, par curiosité comme toujours, combien y a-t-il d’orgues au Groenland?

Non, je ne te ferme pas, Groenland. Tes frontières sont de toute façon trop poreuses. Oui, on dirait que tu es comme une île en plein océan; ton cœur est trop grand, j’imagine.

Partout, les blogues meurent au combat. En fait, on ne peut pas vraiment dire qu’il y a combat. Ils se figent, point, comme autant de Val-Jalbert version 2.0.

Alors je résiste. Je dois être une sorte de zouave ou de poilu, un gars toujours dans une tranchée en 1920, «on n’entend plus rien, c’est-tu fini?», un Jean Moulin un peu affaibli, peut-être, qui sait? Oui, Jean Moulin saurait.

Je suis un arbre qui résiste dans le vent.

(Mais je ne suis pas un saule inconsolable, ça va.)

Ne tousse pas trop.

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Moi, je suis un saule inconsolable. Tu ne m'as même pas dit que tu avais lu les Chants de Maldoror. Tu ne m'as même pas laissé savoir si tu les avais aimés.

Je t'en veux, pieds nus dans un jardin d'hélices.

François a dit...

Ah, Roland Giguère ou Isabelle Boulay, si tu tiens à continuer de m’en vouloir dans ce jardin d’hélices, mets au moins des pantoufles à cap d’acier, c’est plus prudent.
Hum, les Chants… c’est récent tu sais. Oui, c’est beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie, mais ça m’a aussi agacé par moment toute cette déprime qui s’infiltre par capillarité. Il ne faut pas forcer sur la dose quotidienne, même si ce n’est pas dépourvu d’humour. J’ai surtout aimé les chants 4 et 6 en fait. En fait, le premier chant, je l’avais lu il y a à peu près un an et j’ai repris la lecture cet automne. Autre chose qui a teinté ma lecture : je les lisais quand, après le suicide de Nelly Arcan, j’ai vu quelque part que c’était une œuvre qui l’avait beaucoup marquée, et l’information est restée scotchée en haut pendant à peu près toute la fin de ma lecture. Ça a joué aussi.
Sinon, la vie sans appendice? Tu ne m’as pas dit où tu en étais dans ta rémission non plus. Faudra-t-il que j’aille t’en vouloir pieds nus dans un jardin d’hélices?

Anonyme a dit...

Mes pantoufles, tu sais, j'ai dû les jeter, je les ai usées le temps de ma convalescence. Mais maintenant, ça va bien, je suis guérie, sur pattes (et pieds nus dans un jardin d'hélices, faut le faire, avoue).

Je ne me souviens plus de mes Chants préférés. Il faudrait que je les relise, mais je n'en ai pas le temps. Il y a le cycle de Dune qui patiente sur ma commode...

Mais c'est assurément une oeuvre qui m'a beaucoup marquée... (sans quoi, je n'aurais pas écrit ce mémoire...)

François a dit...

Le cycle de Dune… tout, tout, tout? Ouf. On aime les programmes longs.

Bernard a dit...

J'ai commencé fin 2009 la lecture de Dune, par sens du devoir, me disant qu'il était abusif de se prétendre fan de SF et de n'avoir pas lu une ligne de ce cycle. J'ai lu Dune 1, j'aurais pu m'arrêter là, mais je me suis enfilé la suite tout de suite. Le Messie de Dune a suivi, puis les Enfants de Dune. Il y a un certain décalage temporel entre le 4 et le 5 (genre 3500 ans), aussi me suis-je enfin permis une petite pause. Assurément, il y a quelque chose là-dedans qui en vaut la peine.

François a dit...

Moi je ne suis pas prêt, même le résumé de Wikipédia me semble trop long.