31 mars 2008

Rencontre du troisième temps

Bien sûr, c’est beaucoup moins chantant, mais on va se dire les vraies affaires (encore, oui). On va se parler dans le blanc des yeux en mettant nos cartes sur la table en gardant les coudées franches. On va se parler entre pronoms personnels distinctifs.

Jadis, j’ai caressé l’idée de changer de pronom principal de narration à chaque année sur ce site. J’ai trouvé l’idée douce et soyeuse, je n’ai pas développé d’allergie, je l’ai donc adoptée. Mais là, il me semble que l’idée est moins douce qu’avant.

Tu sais, cette manie qu’ont certains de te demander des nouvelles de toi en utilisant la troisième personne, hé bien, je ne suis pas certain du tout que je veux m’embarquer là-dedans. Tu sais comment ça se passe: on te téléphone puis la première chose que tu sais, c’est qu’on te demande «comment il va?» ou plutôt «comment s’qu’i va?». Pendant un bref instant, tu évalues toujours la possibilité de répondre «qui?» (ah! petit impertinent va!) plutôt que «bien». Mais évidemment tu réponds toujours «bien», parce qu’il y a des normes à respecter pour vivre en société.

D’un autre côté, on pourrait débattre de l’avantage de la distanciation pour répondre à ce genre de question générale qui implique l’évaluation de soi dans une perspective globale détachée, d’où l’utilisation de la troisième personne, mais ça dériverait en théorie spirituelle et on finirait par se retrouver avec pleins d’admiratrices de Paulo Coelho sur le site et on s’échangerait des trucs d’acupuncture. On s’abstiendra donc.

On peut l’avouer aussi, l’emploi du il, ce n’est pas très seyant sur un blogue. «François se lève le matin et se fait du café», c’est non seulement banal et souvent faux (il ne se fait du café que parfois les matins de fins de semaine, pour tout avouer), c’est aussi agaçant, froid (sans parler du café, on est rendu au lundi soir) et un peu histrionique.

Donc, aux orties l’idée du carnet aux six pronoms successifs.

Et qu’on vide la mémoire cache des orties.

Et je l’avouerai enfin, l’utilisation du ils commençait à me tourmenter.

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Enchanté de te voir abandonné un concept dont la lourdeur aurait été propre à couler le Titanic si un iceberg ne s'en était déjà chargé; ne pense pas que je critique tes idées, il y a quelques années, cette histoire de pronoms m'aurait fort réjoui. Mais on vieillit, que veux-tu...

François a dit...

Oui, mais j’ai un peu exagéré aussi, je n’avais pas vraiment, vraiment l’intention de faire les pronoms du pluriel (bon, ça m'a traversé l'esprit, mais ça a passé très, très vite). Je comptais m’en tenir à ceux du singulier. Mais bon, je ne referai pas couler le Titanic... je crois qu'il y a une fille nue allongée, un collier avec une pierre bleue en forme de coeur au cou, en train de se faire dessiner au fusain, qui m'en voudrait un peu.

Anonyme a dit...

C'est évidemment, un hasard, mais je suis (nous sommes) justement en train de récouter ce film (une pause entre les deux disques).

François a dit...

Je me suis presque livré à la même expérience à Pâques, en voyant les deux cassettes chez mes parents, mais je n'ai pas osé.