09 octobre 2007

2 – Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain

Avec un Dieu qui s’appelle YHWH, te dis-tu, c’est sûr que c’est un peu en vain que tu tenterais de prononcer Son nom. Mais enfin, comme tu aimes bien citer exactement, voici le deuxième commandement biblique dans toute sa splendeur, arborant un point-virgule des plus élégants:

(20.7) Tu ne prendras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.

Cet ordre qui semble avoir été rédigé dans un certain état de courroux est malheureusement un peu vague. L’explication qui te semble la plus logique, tu l’avoues, est parfaitement compréhensible: Dieu, à l’instar de bien des gens créés à Son image, est un type occupé. Et comme Il a créé une confrérie et une sainte Trinité, ça fait beaucoup de gens pouvant être interpellés pendant les réunions de coordination de projets. Ainsi, Il S’est dit que ça serait franchement embêtant si tous commençaient à L'apostropher tout le temps pour n’importe quoi, pas grand-chose et ah! finalement j’ai oublié, je rappellerai. Il fallait donc instaurer un système avec une bonne force coercitive, pas qu’un simple ONU avec recommandations suggestives à suivre pour ceux à qui ça tente, si ça leur adonne. Ce fut donc écrit: l’Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.

En fait, tu médites parfois sur un tel commandement onusien: Tu n’auras pas d’armes nucléaires; car l’ONU ne laissera point impuni celui qui en aura.

Mais bon, de cette façon, Dieu est peut-être à l’abri de ceux qui L’invoque pour lui parler de la pluie et du beau temps: «Christ qu’il fait beau» et autres «Ostie, il pleut». Punition divine: paf! une tache de jus de raisin sur la chemise blanche, une maille dans le bas résille, un gouvernement conservateur. Toutefois, sa manière de déléguer est parfois un peu injuste. Tu considèreras ici l’exemple éloquent de saint Antoine de Padoue, qui se tape seul toutes les demandes relatives aux objets perdus. En fait, puisque c’est toujours intéressant de le souligner dans un souper, tu rappelleras que saint Antoine est invoqué pour retrouver les objets perdus à cause de l’anecdote classique concernant les commentaires qu’il avait écrits à propos des Psaumes. Un voleur les lui déroba un jour, mais se sentit par la suite divinement obligé de les lui rendre. Tous peuvent maintenant le dire à leur beau-frère, c’est vrai. Du moins, c’est la version officielle. Il y a aussi l’hypothèse farfelue selon laquelle ses commentaires étaient très ennuyeux et n’intéressaient pas du tout le voleur, qui préférait des choses insignifiantes comme des bijoux, de l’argent, du sucre à la crème ou même des cartes de hockey de Wayne Gretsky, bien qu’il conçût dans ce dernier cas que c’était temporellement impossible. Mais bon, toujours est-il que saint Antoine passe ses journées à entendre des «Saint Antoine, où sont mes clés? Où sont mes lunettes? Où est passé mon boa constrictor? Mais où est donc Carnior?» Et lui de son côté doit faire un suivi de dossiers, rappeler: «À côté de tes lunettes. T’as jamais eu de lunettes; de mémoire non plus d’ailleurs, je vais finir par bloquer ton numéro. Ce n’est pas ma spécialité, mais regarde dans la cage du canari, mais ne cherche plus le canari. Sûrement avec Carmen Sandiego, mais ne t’y arrête pas trop, ce n’est qu’un truc mnémotechnique.»

Il apparaît donc clairement que Dieu se moque un peu de saint Antoine de Padoue et que ce dernier n’est pas le genre de type qui lit bien ses contrats.

«Ah, au fait saint Antoine, où sont passés mes commentaires des Psaumes

5 commentaires:

Galad a dit...

Dire que j'ai toujours pensé qu'il ne fallait pas prononcer le nom de Dieu en vin, ou sous l'effet d'un autre alcool...

Plus je te lis, François, plus je pense que je suis damnée.

François a dit...

Tu m’as fait douter, mais je me suis renseigné. Le rince-bouche est permis. Puis je crois aussi que tu peux prononcer le nom de Dieu en vin, en bas de 0,08.

Et damnée? Pourquoi? Le clergé ne m’a tout de même pas mis à l’index?
Mais bon, si on n’y échappe pas, apporte des cartes, on pourra peut-être jouer dans la salle d’attente des Enfers.

Anonyme a dit...

Franchement, je trouve qu'il y va un peu fort, notre Dieu. Je croyais qu'on avait tout vu avec les pestes, les choléras et les autres plaisirs corporels, les famines, les grandes catastrophes naturelles et les grandes guerres, mais non! Que nenni, Il nous arrive avec Occupation Double, le Gouvernement Harper et un nouvel album de Nathalie Simard. Je n'ose même pas penser à la suite des choses....exigeons dès maintenant: Apocalypse now!!!

François a dit...

L'apocalypse, j'imagine que ça implique le gouvernement de Nathalie Simard et un nouvel album de Harper.
On doit être près...

Catherine Dumont a dit...

Dieu, c'est moi !