Jeune Nord-américain de bonne famille typique (mais sans chien), la personnification la plus facilement identifiable de l’avarice que tu as connue fut Picsou, à moins d’avoir eu une grand-mère particulièrement détestable.
Pour ce premier péché, tu t’en sors bien: tu es loin d’avoir une pièce remplie d’or, jalousement gardée, dans laquelle tu plongerais avec une baudruche et un justaucorps rayé blanc et rouge. Car enfin, des pièces de monnaie comme ça, tout le monde le sait, ça bouche le filtre et ça donne un pH trop acide. Et essaie de passer l’aspirateur dans le fond, après ça!
Mais sans être le Séraphin du village, ordinaire fesse-mathieu parmi les pingres, tu n’es pas toujours un exemple de don de soi, pécuniairement parlant. Le mois passé, lorsque tu vis dans la boîte postale la lettre paroissiale qui quémande la dîme, tu la mis à la récupération sans trop attendre (l’évêque devra garder son calice usagé un an de plus). Ton réfrigérateur est vierge des enfants que tu pourrais parrainer en Afrique. Et quand les enfants de la troisième année primaire passent vendre du chocolat et du café pour leur voyage éducatif à Las Vegas, tu vas même jusqu’à dire un «non merci» poli mais ferme.
Par contre, la rationalité des uns est toutefois l’avarice des autres. Ainsi, tu admettras choisir souvent des produits génériques à la pharmacie et aussi à l’épicerie, puis tu paies dettes et cartes de crédit au lieu d’acheter 72 paires de chaussures, du Beaujolais millésimé de l'entre-deux-guerres, deux Borduas et deux manoirs pour les y accrocher. Et parfois, tu pratiques l’avarice à petite dose, celle qui pousse les gens à manger la dernière pointe de pizza sans la partager en deux.
Mais bon, la morale est que l’avarice, ce n’est pas beau. (La varice non plus, mais ce n’est pas vraiment considéré comme un péché.)
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