Elle venait d’Afrique du Nord, quelque part dans l’Ouest. Le Maroc, je crois. Peut-être l’Algérie.
Elle avait l’appartement le plus petit, au sous-sol, et vivait seule avec son petit bonhomme. Le père? Il n’a jamais été évoqué.
Je me souviens seulement qu’elle donnait son nom pour faire de la suppléance dans les écoles, mais se frottait à la bureaucratie conjuguée du Québec et du Maroc (bah, peut-être celle de l’Algérie). Elle avait son diplôme de là-bas, mais on lui demandait les relevés de notes, ou je ne sais trop quoi, va savoir, les radiographies dentaires ou la pointure de souliers de son professeur de maths du premier cycle, peut-être avec un petit mot explicatif du roi pour en attester l’authenticité.
Elle appelait, rappelait, rappelait. C’est déjà envoyé, je vous dis. Ah, on n’a plus ça, désolé. Je vous passe mon collègue, il est nouveau, expliquez-lui donc votre cas. Mais madame, avez-vous bien rempli le formulaire A-4 rose?
Bref, débrouillez-vous.
C’est ce qu’elle faisait. Elle passait sa vie à se débrouiller.
Les gens qui passent leur vie à se débrouiller font des voisins très tranquilles.
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