1967. La grande épluchette universelle de blé d’Inde aligne ses derniers mois en douce sur la néo-créée île Sainte-Hélène. Montréal vit alors un somptueux rêve orange, jaune, brun et turquoise. Un rêve qui aura passé comme une minijupe; c’est-à-dire parfois avec émoi, parfois avec un petit haut-le-cœur. Quelques-unes de celles qui seront plus tard tes vieilles tantes (pas nécessairement haïssables, mais ça arrive parfois) décident alors de décorer leur maison. Elles achètent rideaux et sofas assortis (selon le principe de la parité du laid), et bien que le mariage soit douloureux, aucun divorce ne sera accordé; quelques adultères décoratifs qui ne lénifieront rien seront tolérés dans les années 1980.
Mais bon, restons en 1967, car en ce suédois début de septembre, le peuple du meuble à assembler soi-même ne cherche pas ses vis manquantes, mais s’apprête à vivre son dagen H (et non pas son Häagen-Dazs, car si ici on vit parfois sa vinaigrette, les Scandinaves eux ne vivent pas leur crème glacée). Donc, en ce jour H (traduction pour éviter le déboussolant suédoisisme), au lieu de changer les rideaux, les Suédois changent le sens de la circulation routière. Rien de moins. Car à une question du type «Hé, bon peuple, désires-tu que nous roulions à droite au lieu d’à gauche?», le bon peuple répond à 85%: «Euh! non, pas question… Ça fait près de quarante ans qu’on refuse, vous êtes pas bien?». Un peu après, le parlement suédois décide donc que oui, ça va se faire, et que tiens, le 3 septembre 1967, à 5 heures du matin, on change le sens des voies. À 4h50, on roule à gauche puis on se gare. À 5h, on roule à droite.
Un plan est ainsi mis en branle. Il faut préparer les gens, et les intersections un peu aussi. Des psychologues sont lâchés dans la foule et dans le trafic. «Parlez-moi de votre enfance dans les voies de gauche... – Dans mon jeune temps, Peupa nous emmenait souvent à la campagne et snif! je m’en rappelle encore, après la courbe chez ma tante Olga, snif! on devait tourner à droite, et il y avait souvent une moissonneuse-batteuse, et peupa avait écrasé un écureuil**…»
Tiens, tu fournis même un épilogue: c’est une histoire qui finit bien. Le nombre d’accidents mortel décroît presque instantanément. Conclusion ouverte et étonnante corrélation à approfondir: nombre de personnes âgées, déroutées (ah!), délaissent la conduite automobile pour s’épargner la nouvelle logistique routière. Plusieurs, on s’en doute bien que cela reste tabou à l’époque, trouvent un salut dans le bingo et le jus de cassis.
* Désolé pour le jeu de mots, mais tu avais quand même trouvé pire encore: Suède(s)-tu conduire à droite?
** Ou l’équivalent suédois, tu étais supposé valider avec Bergman, mais il ne répond pas à ses messages, le coquin.
Note au lecteur incrédule: Tu fais bien de l’être un peu. N’empêche, pour le reste, il y a Wikipédia…
Mais bon, restons en 1967, car en ce suédois début de septembre, le peuple du meuble à assembler soi-même ne cherche pas ses vis manquantes, mais s’apprête à vivre son dagen H (et non pas son Häagen-Dazs, car si ici on vit parfois sa vinaigrette, les Scandinaves eux ne vivent pas leur crème glacée). Donc, en ce jour H (traduction pour éviter le déboussolant suédoisisme), au lieu de changer les rideaux, les Suédois changent le sens de la circulation routière. Rien de moins. Car à une question du type «Hé, bon peuple, désires-tu que nous roulions à droite au lieu d’à gauche?», le bon peuple répond à 85%: «Euh! non, pas question… Ça fait près de quarante ans qu’on refuse, vous êtes pas bien?». Un peu après, le parlement suédois décide donc que oui, ça va se faire, et que tiens, le 3 septembre 1967, à 5 heures du matin, on change le sens des voies. À 4h50, on roule à gauche puis on se gare. À 5h, on roule à droite.
Un plan est ainsi mis en branle. Il faut préparer les gens, et les intersections un peu aussi. Des psychologues sont lâchés dans la foule et dans le trafic. «Parlez-moi de votre enfance dans les voies de gauche... – Dans mon jeune temps, Peupa nous emmenait souvent à la campagne et snif! je m’en rappelle encore, après la courbe chez ma tante Olga, snif! on devait tourner à droite, et il y avait souvent une moissonneuse-batteuse, et peupa avait écrasé un écureuil**…»
Tiens, tu fournis même un épilogue: c’est une histoire qui finit bien. Le nombre d’accidents mortel décroît presque instantanément. Conclusion ouverte et étonnante corrélation à approfondir: nombre de personnes âgées, déroutées (ah!), délaissent la conduite automobile pour s’épargner la nouvelle logistique routière. Plusieurs, on s’en doute bien que cela reste tabou à l’époque, trouvent un salut dans le bingo et le jus de cassis.
* Désolé pour le jeu de mots, mais tu avais quand même trouvé pire encore: Suède(s)-tu conduire à droite?
** Ou l’équivalent suédois, tu étais supposé valider avec Bergman, mais il ne répond pas à ses messages, le coquin.
Note au lecteur incrédule: Tu fais bien de l’être un peu. N’empêche, pour le reste, il y a Wikipédia…
11 commentaires:
Tu viens de créer un nouveau genre : l'emblogage (ou la blogisation???) d'une entrée Wikipédia. Une façon épatante de s'instruire, bien plus que de lire un lien au hasard sur l'encyclopédie libre. Je te propose un défi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Citadelle_de_Kowloon
Dans ce cas, je propose même ce nom: le wikiblogage.
La Citadelle de Kowloon me semble un exaltant sujet de wikiblogage (il faut toujours s’empresser d’utiliser les néologismes autogérés). Je jette un coup d’œil et regarde ce que je peux faire. Tu as choisi ça comment? Un intérêt passionnel pour les cités enclavés ou un lien au hasard?
Mais bon, un blogue qui fonctionne aux défis et aux demandes spéciales, ça aussi c’est pas si pire comme genre!
(Au fait, après lecture, je suspecte que tu as trouvé l’entrée Wikipédia si désagréable à lire que le mot défi prend tout son sens…)
Monsieur,
Vous savez qui je suis, d'où je viens et pourquoi je vous écris.
Point de vain bavardage.
J'ai eu le temps de lire quelques lignes de votre blogue. C'est insignifiant, inutile et insipide et c'est ce qui, en bout de ligne, fait que c'est génial à lire.
Mon seul regret: ne pas avoir eu moi-même toutes ces idées qui foisonnent sur votre site.
Je reviendrai certainement pour lire chacun de vos messages.
Frigidairement vôtre,
É.K.F.
Monsieur Fedder,
Quel art de distiller un commentaire équivoque… Mais bon, qui a peur de la sauce aigre-douce? aurait sûrement dit Lao-Tseu. (Il le disait toujours.)
Parce que j’ai la mansuétude dans le sang et la musique dans le cœur (c’est un cadeau du ciel) et un sens de l’humour formaté pour bien le prendre: vous connaissez le chemin, revenez quand ça vous dira. Je m’efforcerai bien sûr de ne pas écrire trop de choses signifiantes et utiles, ce serait vraiment de mauvais goût et des enfants pourraient tomber là-dessus.
(Et frigidairement, c’est quand même pas rien…)
À qui de droit(e)*,
La présente a pour but de vous faire part d'une problématique relative à votre blogue.
Mon client, un homme somme toute assez raisonnable, éprouve de graves problèmes de sommeil suite à un récent accident d'épile-poils de nez dont il ne convient pas de donner ici plus de détails. Depuis ledit accident, ses nuits sont courtes et parsemées de monstres électriques de toutes sortes. Bref, comme dirait Pindare dans un grec approximatif que je traduis ici avec éloquence : la barque de son sommeil erre de Charybde en Scylla. Ainsi, dis-je, mon client dort bien mal et votre blogue, qui a je ne sais dieu comment attiré son attention, ne fait qu'empirer la situation. Il s'est mis en tête de tout lire ce que contient votre "Groenland", soir après soir...Bref, pour faire une histoire courte (un haiku, par exemple, mais version Victoriaville):
Il ne trouve plus le lit
Il lit
Mais j'aime mieux ma mie,
au gué,
J'aime mieux ma mie.
Ainsi, il est trop fatigué pour vaquer à ses occupations le matin et préfère s'escargoter dans le lit qu'aller travailler pour accumuler les sommes qui serviront à payer mes mirifiques honoraires. Cette situation est intenable (essayez de la tenir, pour voir!)
Rebref, je vous somme (soustrait, multiplie et divise, tout à la fois) de mettre fin incessamment à ces élucubrations qui lui font perdre la trace du sommeil, qui le bovarysent, le donquichottisent.
Si vous n'obtempérez pas dans les 24 heures, je me verrai dans l'obligation de vous réitérer ma demande, mais cette fois, d'une façon plus mellifluente.
J'ai dit.
Me Corbeau
*Le féminin est parfois employé(e) dans ce(tte) message afin(e) de montrer(ère) que le(a) rédacteur(trice) d'icelui(icelle) a quelques notions de grammaires. Le mot "droite" employé ici n'engage pas la droite du Gouvernement Harper, ni la droite de Mike Tyson, et encore moins la droite vectorielle. Nous préférons vous en avertir(e?).
Maître Corbeau,
Mon client a pris connaissance de votre demande et la juge recevable, mais c’est un de ces maudits humanistes altruistes trop sensibles. Je lui ai donc administré un bon coup de poêle de fonte (de glace), et il convient maintenant qu’il est dans son droit, et que d’élucubrer il ne cessera point.
Je tiens notamment à préciser que la jurisprudence est de son côté, notamment grâce à l’arrêt de la Cour Suprême dans le célèbre cas Peuple c. Auteure de la série Virginie.
Par ailleurs, mon client désire compatir à l’accident grec de votre client, mais déclare qu’il n’y a pas de quoi en faire un haïku, quelque victoriavillois fût-il.
Dans l’attente de votre melliflue riposte, veuillez (vous(e) et votre client) agréer tout le respect qui est dû à des hommes(ses) de bonne volonté.
Maître Carré
P.-S. – En passant, maître Corbeau, quel ramage, mais à vaincre sans fromage, on triomphe sans produit laitier.
Euh, de quossé?
Me Corbeau, de son arbre tombé
PS: Quelle prose! Peut-on vous lire ailleurs que sur ce blog? Et là, je ne parle pas de la possibilité d'imprimer vos textes et d'aller les lire dans le beau village de Fatima sur les plages vierges des Iles-de-la-Madeleine ou avec Fatima et Madeleine en mangeant des biscuits Village aux Iles Vierge...
Me Corbeau, si vous réussissiez à découvrir qui se cache derrière ce mystérieux François, il serait de votre devoir de m'en aviser.
Voilà des mois que je viens me geler les pieds au Groenland, beau temps mauvais temps, et tout ce que j'ai pu apprendre sur l'auteur, c'est qu'il n'aime pas le lait 3.25%...
Mille pardons, chère Galad, on sait aussi que, il y a environ deux ans, il a aimé le film Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre et qu'il a détesté Nouvelle-France. On sait aussi qu'en 2006 il écoutait Patrick Watson dans sa voiture au retour du travail. Et c'est tout.
Galad, Bernard, merci des renseignements!
Je me mettrai donc en quête du Graal puisque la chose semble plus facile à saisir!
Mais quand même, savoir comment ce Protée moderne aime son lait, c'est pas rien!
C'est une information de première nécessité lorsqu'on veut inviter quelqu'un à partager un bol de Just Right ou de Fruit Loops...
Je crains, Érich, qu’il faille pour l’instant imprimer ces textes et les lire à la plage, car l’écriture dans mon travail actuel accorde bien peu de place aux figures de style ou aux mots jugés exotiques; le reste est jeté chaque semaine après l’épicerie (il y est souvent question de lait) et je n’ai pas encore publié de propagande marxiste-léniniste. Mais voilà, Fatima et Madeleine sont d’excellentes compagnes de voyage, c’est un très bon choix. Par ailleurs, le Graal est une chose très facile à acquérir (ils ont commencé à en fabriquer en séries depuis le Da Vinci Code, alors les prix ont déjà beaucoup chuté) et je dois dire que c’est la première fois que je suis identifié à un dieu grec marin (enfin, habituellement c’est surtout les terrestres ou les célestes).
Galad, comment? quelqu’un se cache derrière moi? Et juste pour toi, un jour je dévoilerai possiblement aussi ma pointure de souliers et la fragrance de mon shampooing. Et si je suis vraiment fou-fou, je donnerai peut-être ma recette de patates pilées (oui, celle sans lait 3,25%)...
Et enfin Bernard, vraiment, je suis subjugué à la fois par ta recherche et par ton sens de la synthèse. J’en déduis évidemment que j’écoute mes films et ma musique à un volume beaucoup trop élevé.
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