Avec trois ou quatre histoires dramatiques à souhait qui faisaient intervenir des chicanes, des comptes gelés en haut lieu, des enfants éparpillés aussi je crois, et tout pour mettre la table à son argumentaire, la moitié du couple qui fabrique de l’estrogène y tenait: il fallait faire un testament. Elle insista. Je voulus m’enfouir, me cacher en petite boule sous les draps et ne pas y penser, mais je consentis. Ça doit être ça le romantisme moderne, s’offrir des testaments pour Noël.
Le rendez-vous fut donc pris chez le notaire du village, un vieux sage de la virgule et de la phrase complexe qui tient séance sur le bord du lac. Le vert aqua a encore ses aises sur les murs de la salle d’attente. J’ose croire que le tapis davantage sel que poivre et sel a son testament et ses codicilles prêts, ce serait indiqué, je ne crois pas qu’il lui en reste encore pour très longtemps.
La femme du notaire, assistante-réceptionniste-cafetière, naguère décoratrice du bureau, femme qui en sait sûrement plus que n’importe qui sur les actes notariés sans jamais avoir ouvert un livre de droit de sa vie, nous fait entrer dans la pièce attenante. Grande fenêtre, vue sur le lac blanc, gros soleil qui fait de l’esbroufe; ouais, belle journée pour diviser sa fortune entre ses enfants non nés et monter des algorithmes de suppositions. S’ils sont mineurs? Majeurs? Si nos parents sont décédés entre-temps? Si Xavier a 20 ans et que… Non, je te l’ai déjà dit, pas Xavier. Si on a un enfant roux?
La femme présente la stagiaire qui semble entourée de ses grands-parents, puis demande nos noms. Son moment préféré va débuter, elle tentera de faire tous les liens possibles pour arriver à une connaissance commune en partant de nos noms de famille avant de s’éclipser. Première déception palpable, ma copine n’est pas originaire de la région, elle accuse une distance de 315 km trop à l’est selon un itinéraire fourni à titre indicatif qui peut ne pas tenir compte des travaux, des déviations ou d’autres perturbations. Au départ, je la réjouis davantage, un nom propre assez commun dans la région et je score 31,5 km au test de l’itinéraire. La déception suivra, elle ne connaît pas mon père qui a eu le malheur de naître enfant unique. Non, désolé, je n’ai pas d’oncles dans la ville voisine. Mais elle est tenace, elle creuse un peu et trouve. Je crois qu’elle a un don ou des recherchistes.
La stagiaire a son carnet de feuilles lignées jaunes, elle fait une ligne au centre, ça va débuter. Ça ne s’invente pas, le notaire porte une veste de tweed et joint les mains: «On va commencer par le corps.» Euh… Je me tourne vers ma blonde avec l’air du gars qui se fait avoir en flagrant délit d’absence d’opinion sur la question. Suis-je pour les vertus de l’incinération? Ce n’est qu’un début. Advenant votre décès, à quel âge vos enfants devraient-il pouvoir avoir la pleine administration de leur héritage? Hésitation. Euh, quelles sont les tendances?
La femme du notaire est repassée à quelques reprises pour demander à la stagiaire si elle avait demandé si… Oui, elle l’avait demandé. Je me croyais chez ma grand-mère. Je m’attendais à tout moment à ce qu’on me proposât de vieux bonbons collés.
D’accord, mais le titre?
C’était un vendredi. Le mercredi suivant, j’échappais à l’épineux problème de l’emboîtage de voitures sur chaussée enneigée.
Le rendez-vous fut donc pris chez le notaire du village, un vieux sage de la virgule et de la phrase complexe qui tient séance sur le bord du lac. Le vert aqua a encore ses aises sur les murs de la salle d’attente. J’ose croire que le tapis davantage sel que poivre et sel a son testament et ses codicilles prêts, ce serait indiqué, je ne crois pas qu’il lui en reste encore pour très longtemps.
La femme du notaire, assistante-réceptionniste-cafetière, naguère décoratrice du bureau, femme qui en sait sûrement plus que n’importe qui sur les actes notariés sans jamais avoir ouvert un livre de droit de sa vie, nous fait entrer dans la pièce attenante. Grande fenêtre, vue sur le lac blanc, gros soleil qui fait de l’esbroufe; ouais, belle journée pour diviser sa fortune entre ses enfants non nés et monter des algorithmes de suppositions. S’ils sont mineurs? Majeurs? Si nos parents sont décédés entre-temps? Si Xavier a 20 ans et que… Non, je te l’ai déjà dit, pas Xavier. Si on a un enfant roux?
La femme présente la stagiaire qui semble entourée de ses grands-parents, puis demande nos noms. Son moment préféré va débuter, elle tentera de faire tous les liens possibles pour arriver à une connaissance commune en partant de nos noms de famille avant de s’éclipser. Première déception palpable, ma copine n’est pas originaire de la région, elle accuse une distance de 315 km trop à l’est selon un itinéraire fourni à titre indicatif qui peut ne pas tenir compte des travaux, des déviations ou d’autres perturbations. Au départ, je la réjouis davantage, un nom propre assez commun dans la région et je score 31,5 km au test de l’itinéraire. La déception suivra, elle ne connaît pas mon père qui a eu le malheur de naître enfant unique. Non, désolé, je n’ai pas d’oncles dans la ville voisine. Mais elle est tenace, elle creuse un peu et trouve. Je crois qu’elle a un don ou des recherchistes.
La stagiaire a son carnet de feuilles lignées jaunes, elle fait une ligne au centre, ça va débuter. Ça ne s’invente pas, le notaire porte une veste de tweed et joint les mains: «On va commencer par le corps.» Euh… Je me tourne vers ma blonde avec l’air du gars qui se fait avoir en flagrant délit d’absence d’opinion sur la question. Suis-je pour les vertus de l’incinération? Ce n’est qu’un début. Advenant votre décès, à quel âge vos enfants devraient-il pouvoir avoir la pleine administration de leur héritage? Hésitation. Euh, quelles sont les tendances?
La femme du notaire est repassée à quelques reprises pour demander à la stagiaire si elle avait demandé si… Oui, elle l’avait demandé. Je me croyais chez ma grand-mère. Je m’attendais à tout moment à ce qu’on me proposât de vieux bonbons collés.
D’accord, mais le titre?
C’était un vendredi. Le mercredi suivant, j’échappais à l’épineux problème de l’emboîtage de voitures sur chaussée enneigée.