31 décembre 2007

Propagande du temps des Fêtes

Lecteurs amicaux, expatriés et réfugiés politiques, pingouins, jardiniers, chauffeurs, majordomes, ministres du culte, maître du loft et pourfendeurs de Josélito Michaud (mais oui, tu peux être dans deux catégories), bon après-midi,

Sentez-vous cette apaisante chaleur que la douce flamme de la période des Fêtes fait naître dans vos cœurs (surtout dans le ventricule gauche, oui, ça doit y être maintenant, il serait grandement temps)? Voyez-vous comme elle illumine et égaie vos jours (surtout les impairs, mais pas le 33)? Bon, si j’étais vous, j’y verrais, car elle embrase présentement votre nappe en papier avec des pères Noël (mais Noël est passé, tu peux laisser brûler à moins que tu comptes utiliser la même pour le jour de l'An)...

Donc, dans le cadre de cette période si propice à faire renaître joie, Jésus, et ange déchu qui dodeline de la tête pour un p’tit trente sous (jeune depuis 1947), c’est avec allégresse que je vous offre ma tournée de bons vœux tout droit sortis du four (alors sois pas surpris si tu trouves un peu d’épinards gratinés dessus).

Enduisez-vous donc de bonheur, roulez-vous dans la félicité, et enfournez-vous dans l’extase jusqu’à ce que jubilation s’ensuive (ou jusqu’à ce que ça devienne un peu croustillant et doré). Jouez hautbois et résonnez musette (ou gazou), si ça vous chante. Empiffrez-vous de faste nourriture, savourez un bon jeu de mots (comme celui précédemment énoncé) avec votre beau-père, dansez avec votre secrétaire préférée, c’est le début d’un temps nouveau.

Alors oui, joyeuses Fêtes inclusives à vous, à nous, aux autres qui sont nous aussi, et à ceux qui se sentent mieux incarnés par l’utilisation d’autres pronoms personnels (toi que je tutoie entre parenthèses, supposons). Et passez donc une belle année 2008, car les années sont plus plaisantes lorsqu’elles sont belles. Ce n’est pas de la discrimination, c’est ainsi.

12 décembre 2007

10 – Tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain

Quiconque a tenté de s’expliquer le conflit armé israélo-palestinien est probablement parvenu à la même conclusion: tout puise sa source dans le dixième commandement.

(20.17) Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain […], ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.

Car enfin, à la base, c’est une histoire classique de convoitise de la maison d’autrui.
– Tu as pris mon chalet, sur la band’ de Gaza
Ah! Je te maudirai toi et ta descendance.
– Quoi? Holà du chameau, ce chalet est à moi
Ah! Je te maudirai toi et ta descendance.
– Là, rends-moi mon chalet! (Bon, histoire classique, mais ça suffit pour les alexandrins.)
– Voyons, réglons ça à l’amiable, tu es sûr qu’on ne peut pas s’entendre pour 70 vierges?
– Infidèle! Tu ne mérites mêmes pas un chameau.
– Convoiteur de la maison de ton prochain! Tu ne mériteras que 70 raisins secs.
– Celui qui le dit, celui qui l’est. Je vais le dire à ton Dieu…

Comme tout conflit s’envenimant à la maternelle, la légère brouille qui a cours au Moyen-Orient se réglerait assurément en appliquant la méthode traditionnelle avec discipline: les amis, on partage la maison, sinon tous les deux dans un coin à réfléchir et on confisque la maison.

Penses-y. En épilogue, les hommes se serrent dans leur bras, se sourient, se complimentent sur la nouvelle décoration de la salle à manger du chalet, organisent un méchoui (bon, peut-être pas un méchoui), ou un déjeuner, tiens, avec des croissants de soleil à saveur de miel et de rosée (bon, peut-être pas de rosée). Un peu plus et ils écouteraient du Lara Fabian, mais on les empêche, on ne veut quand même pas que le conflit reprenne tout de suite.

Ah! quoi? Il y a une autre solution? On tue l’autre ami et on garde la maison? Pardi, c’est bien trop simple. Oh! attends: le commandement de Dieu sur l’assassinat? Pardon? Légitime défense, c’est lui qui a commencé?

Le Moyen-Orient est un peu une maternelle, mais les ciseaux n’ont pas de bouts ronds en plastique.

Donc voilà, il faudra faire attention la prochaine fois que tu te promèneras dans le quartier et que tu penseras, oh! comme cette maison a une jolie galerie, et quels volets merveilleux, je parie que les divisions intérieures sont superbes et que la lumière entre bien, non, mais regarde ce pignon... C’est très dangereux, ces pensées-là.

04 décembre 2007

9b (Apocryphe) – Tu répondras à ceux qui convoitent des incipit de Romain Gary

Chère classe venue de loin en recherchant activement l’incipit de Chien Blanc,

Oui, je vous ai vus arriver comme ça, individuellement d’abord puis en importante délégation, pendant que je salais le morse et fumais l’ours polaire sur la banquise. Je vous jure, je n’invente rien. J’ai donc décidé de satisfaire votre curiosité en la matière.

Romain Gary, ce cher Rom’ plein d’audace, a effectivement choisi de placer son incipit au début de son livre. On devine facilement que c’est le début du livre, car il y a plusieurs pages après, les phrases sont écrites à l’endroit (le livre est donc tenu dans le bon sens) et il y a même un truc supplémentaire pour les plus forts en mathématiques: des petits numéros en ordre croissant ont été rigoureusement placés dans le coin des pages, il suffit donc de regarder si les chiffres augmentent ou diminuent. Je me suis assuré que tous ces critères étaient bien respectés, je peux donc vous livrer la première phrase:

«C’était un chien gris avec une verrue comme un grain de beauté sur le côté droit du museau et du poil roussi autour de la truffe, ce qui le faisait ressembler au fumeur invétéré sur l’enseigne du Chien-qui-fume, un bar-tabac à Nice, non loin du lycée de mon enfance.»

Alors voilà, ne vous laissez pas berner la prochaine fois qu’on vous demandera de quelle couleur est le chien blanc de Romain Gary. C’est une question piège.