19 juin 2006

Que la paix soit avec lui

Bon, le texte est bel et bien disparu dans le grand triangle des Bermudes du monde binaire, fauché par un disque dur échauffé. Il laisse dans le deuil une souris âgée, un clavier arthritique et un moniteur sclérosé.

Que Bill «Les Portes» ait son âme…

N'envoyez pas de fleurs, le bedeau est allergique au pollen. Envoyez donc du pollen.

16 juin 2006

Le conte du gros méchant bobo informatique

Je vous jure que la suite a été écrite. Oui, par une belle heure de dîner, au travail. Puis l’ordinateur l’a mangée. (C’est l’élément perturbateur de mon conte.) Vraiment.

J’ai eu un léger frétillement d’espoir, mais en rallumant l’ordinateur j’ai réalisé qu’il était devenu impossible d’aller au-delà du logo IBM et d’un code d’erreur barbare. Ce borborygme informatique, sournois et peu explicite, a décidé de se réitérer sans cesse. Je fis donc un signe S.O.S à l’aide de mon téléphone, en direction du poste du technicien informatique. Il n’était pas là. (Fin de la première péripétie, aucun adjuvant.)

Je répétai alors mon appel à l’aide avec le téléphone voyageur dudit technicien informatique. Il répondit, et je lui décrivis avec précision les symptômes du malade. Il allait régler ça, mais pas jeudi.

- Pas là jeudi.
- Vendredi?
- Oui.
- Donc, vendredi…
- Oui, vendredi, O.K.

(Voilà comment il faut parler à un technicien informatique. Fin de la deuxième péripétie, aucun adjuvant.)

Vendredi arriva. Toujours pas d’adjuvant. (Mon conte finit mal. J'aurais été recalé, à l'examen.)

Lundi, je récupérerai peut-être la suite. Pour l’instant, qu’elle repose en paix dans les limbes de mon ordinateur inutilisable.

13 juin 2006

Orgueil et humidité I

Par une somptueuse et récente fin de semaine de mauvais temps, j’ai pris mes jambes à mon cou et, malgré cette étrange disposition de mes membres inférieures, ai fui au loin vers un éden peuplé de maringouins carnassiers et de ratons-laveurs fouineurs, videurs de glacières.

À notre arrivée au camping, dans une relative accalmie, nous montâmes la tente prestement, sur un lit d’aiguilles d’épinette. Nous passâmes la soirée en cercle autour d’une lampe de poche (vive les règlements qui interdisent les feux de camp; rien n’est comparable à la joie de se réunir autour d’une faible lueur évanescente qui ferait les joies d’une publicité pour Duracell) à discuter de choses et d’autres. Puis, nous nous entassâmes dans la tente, qui avait déjà beaucoup rétréci depuis que nous essayions d’être trois à l’intérieur. Quatre autres personnes s’empilaient dans l’autre tente, ce qui constituait aussi une entrave au sens commun. Enfin, nous nous endormîmes habilement sous la pisse céleste, et dormîmes comme des loirs (ceux qui sont très fatigués).

Très tôt le lendemain matin, à l’heure où le soleil grogne encore parce qu’il n’a pas bu son premier café, nous nous levions pour avaler un déjeuner que même l’États-Unien moyen trouve copieux; nous allions nous lancer dans la descente de la rivière des Outaouais.

L’incontinence céleste se poursuivait alors que nous atterrissions dans les grosses embarcations soufflées, en fleurant bon l’ancienne sueur incrustée dans les casques et les gilets de flottaison. Un garde-chiourme (eux, ils disent un guide) embarqua à l’arrière. C’était un départ. Les remous des premiers rapides se faisaient déjà entendre à la proue, où ne s’étalait pas de Cyprine d’amour, cheveux épars, chairs nues. Les coureurs des bois qui nous habitaient étaient à l’affût…

La douche intégrale suivit bien vite. L’imperméable tint bien mal son rôle, je maudis le t-shirt que j’avais gardé en-dessous et les pantalons, sous-vêtements, bas (pourquoi avais-je gardé ces bas?) et souliers étaient destinés à ne plus sécher de la journée…

Quelques heures d’agrément plus tard, nous revînmes au camp. Mon ami s’était probablement fait greffer des neurones de Céline durant le trajet, son discours pour le lendemain se simplifiant à «We take the kayak! We take the kayak!

Pas exactement un kayak, d’accord, mais une sorte de bateau biplace, dont les flancs non diaphanes nous révélaient, à nous et aux marins profanes, des éclaboussures mémorable et des naufrages horribles qui inclineraient assurément notre carène.

À suivre…

01 juin 2006

Légume des jours

- Boris, j'ai besoin de toi.

Là.

On peut le dire, aujourd’hui, à l’ouvrage, c’était une journée Appellation d’origine contrôlée. Un classique: la journée de merde. De marde même, s’ils l’acceptaient dans le dictionnaire.

(Désolé maman. Désolé patron. Ne vous perdez pas par ici; parfois, je pourrais dire des gros mots.)