30 mars 2006

François au pays des sapins miniatures…

On vous demande ce que vous ferez en fin de semaine? Si vous voulez créer un certain effet, oubliez les bars branchés et les sorties prévisibles. Je vous propose plutôt ceci:

- Ah! Je m’en vais à Sudbury.

Votre interlocuteur s’enquerra probablement ensuite de la raison de ce voyage inouï. En effet, lorsque ses yeux se seront transformés en phylactères de bande dessinée affichant un sublime «Mais qu’est-ce que tu vas faire là-bas?», au moment où le point d’interrogation menace de déchirer ses sourcils, répondez:

- Je sais pas trop. Un ami m’a proposé une sorte de concert, mais honnêtement, je ne sais pas trop qui joue…

C’était peu dire. Je ne savais pas non plus exactement où j’allais, à quelle heure on partait, à quelle distance était Sudbury, et qui y allait aussi. Sudbury n’est peut-être pas un Eldorado, un rêve fou d’évasion, mais ajoutez-y de bons amis et un autobus bondé de bon sentiment, et vous détenez une recette fort respectable de bonheur à consommer sur place. (Je m’en voudrais, par contre, d’oublier de mentionner au futur touriste alléché par Sudbury que la ville est d’une mocheté certaine avec ses roches noircies et ses sapins nains engraissés à la pluie acide d’exploitation minière.)

Et le concert? C’était sûrement l’état d’esprit, mais le Québécois en moi fut passablement attendri d’écouter une salle de Franco-Ontariens chantonner «mon p’tit porte-clé, tout rouillé, tout rouillé» avec cœur. Les quelques gouttes de lubrifiant social alcoolisé que j’avais ingurgitées ont sans doute contribué à me faire apprécier l’ambiance. J’ai même eu un certain plaisir à voir les Respectables (groupe que je gratifie normalement d’une superbe indifférence), et surtout de voir passer dans leurs yeux l’espèce d’heureux étonnement qu’ils auraient pu avoir en arrivant en Ouzbékistan et en constatant que: «Hé! Les Ouzbeks connaissent nos chansons!» Il n’y a pas à dire, ce coin du nord de l’Ontario devenait une contrée sauvage possible à apprivoiser l’espace d’une soirée. J’ai d’ailleurs découvert un groupe franco-manitobain très intéressant dont je me ferai l’ambassadeur auprès d’une certaine sélection de mon entourage.

Alors, parfois, comme ça, il faut savoir dire «oui» quand on vous propose un concert venu de nulle part, dans une ville qui ne représente pour vous qu’un point diffus, quelque part par là. Il faut savoir accepter le jeudi que vous serez à Sudbury le samedi soir, sans trop s’en faire au sujet de toutes les autres modalités du voyage.

J’ai su. Tant mieux. Ma vie n’est pas linéaire.

Dans un coin de ma tête, je prends donc le soin d’inscrire: «À refaire».

P.-S. – Toutes mes excuses aux adulateurs d’exactitude typographique. Les espaces requises avant les deux-points, et avec les guillemets ouvrants et fermants, viennent de prendre le bord. Si Radio-Canada le fait, pourquoi pas? Non, mais ça va faire, la manipulation génétique du code HTML pour venir insérer toutes ces petites espaces insécables…

21 mars 2006

La la la la la la-la la-laaaa!

Si on écoute les annonces télévisuelles, les gens heureux ont une forte tendance à danser et à chanter dans les rues. À cet effet, toujours selon les annonces, il n’y a qu’un pas à franchir pour amalgamer les annonces et affirmer que nul n’est plus heureux qu’un habitant de Laval qui prend du Viagra.

Quelqu’un de Laval prenant du Viagra veut-il commenter?

19 mars 2006

Hommage au chiffre 4

Bon! Un autre questionnaire qui illustre à merveille comment la grippe aviaire pourrait parvenir à se disperser partout en très peu de temps. Parce que, je le sais, vous passez toutes vos nuits d’insomniaques fébriles à vous questionner sur tous ces détails presque croustillants qui composent ma vie, j’apaiserai donc un peu vos tourments (cessez d’acclamer ma magnanimité, c’est pesant à la fin!)…

Pour les plaintes, on remonte par ici chez quelqu’un dont le surnom laisse croire qu’il est un pin anglophone (à tort ou à raison?).

Quatre emplois de mon glorieux passé
1. Tondeur de gazon, doctorat honorifique en coupe du brin d’herbe
2. Gars polyvalent dans une librairie, celui qui livre des meubles (vous voyez le jeu de mot audacieux?), qui époussette les trombones et qui indique à la clientèle parentale la quatrième couleur de cahier Canada en vogue pour la prochaine session
3. Surveillant des caméras de la circulation à Montréal pour Transports Québec, devenu spécialiste d’été de la panne sur Décarie, en développant une excellente voix radiophonique pour appeler les contrôleurs routiers et les autres intervenants dans un jargon efficace
4. Ville d’Ottawa, emploi hautement prestigieux pour compter des autos à des intersections le matin, mettre des bases de données à jour et jouer au volley-ball torse nu sur l’heure du dîner

Quel mystère! On arrête à quatre… Que suis-je donc devenu?

Quatre films que je peux regarder encore et encore
Je ne réécoute pas si souvent les mêmes films. Sérieusement, je comprends souvent du premier coup! Sinon (et ce n’est pas ceux que je n’avais pas compris), disons ceux que j’ai vus le plus souvent, et ma jeunesse passée y a beaucoup à voir…
1. Forrest Gump, parce que Jenny est mon amie
2. Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (Astérix chez Cléopâtre et les reprises de ciné-cadeaux ayant préalablement créé une habitude probablement malsaine)
3. La trilogie d’Indiana Jones, même si je confonds tous les épisodes dans un seul et même film
4. La trilogie de Back to the future, même si je… enfin, vous comprenez

On constate ici les répercussions des réseaux de télévision qui repassent les mêmes films année après année depuis 10 ans.

Quatre places où j’ai vécu
1. Un petit loft utérin (environ 9 mois)
2. Un hôpital montréalais (quand j’ai quitté le loft, trop petit à la fin)
3. Petite ville timide de Montérégie (on taira son identité)
4. Ottawa, Hull, Hull qui devient Gatineau…

Quel mystère! (bis) Où habité-je donc maintenant?

Quatre endroits où j’ai passé des vacances
1. Encerclez le Québec, mais enlevez l’Abitibi, le Nord-du-Québec, et la Côte-Nord
2. Maritimes en général et Ouest canadien (mince ligne autoroutière jusqu’à Calgary) puis Rocheuses et tour de la Colombie-Britannique
3. Côte est étasunienne (New York, Virginie, Floride)
4. Cuba en voyage humanitaire

Quatre sites web que je visite chaque jour
1. Adresse de courrier électronique
2. Ah! Ce n’est pas une drogue quand même (mais plusieurs sites plusieurs fois par semaine, enfin, vous le savez un peu?)

Quatre mets que j’adore
1. Pâtes en général (ce qui constitue la majorité de mes connaissances linguistiques en italien)
2. Mets asiatiques en général (mais ce n’est pas parce que la mode est à l’algue et au poisson cru qu’on va me faire adhérer à cette fantaisie)
3. Les rôtis avec sauce à saveur d’anciens dimanches et de famille réunie
4. Ceux que je réussis à cuisiner, il faut bien…

Quatre places où j’aimerais vivre en ce moment
1. Un hôtel de villégiature en Afghanistan
2. Un poulailler près de Shanghai
3. Un puits de pétrole en Irak
4. Une maison blanche avec un joli dôme, à Washington

Quatre blogues que je cible pour continuer de répondre à ce quiz
(Hum, comment me désister?… Ah, tiens! À ceux qui ont cherché ceci sur google avant d’arriver par ici…)
1. Où acheter des chapeaux de cow-boys
2. Pluie de sauterelles
3. Iglou recette
4. Préjugés sur le Groenland

À tous, sentez-vous très libres de saisir le flambeau et de poursuivre le rêve olympique…

08 mars 2006

Non! Pas Nouvelle-France...

Oui, je sais, ça ressemble à de la récupération, mais je n’ai pas lu les règlements officiels du parfait blogueur.

- C’est pas si mal, non?
- Hum… En fait, je n’ai pas trop aimé ça.

Jamais litote n’aura été si appropriée. Dernièrement, ce film abominable est ressurgi de son passé poussiéreux pour faire l’objet d’une conversation dans mon entourage. Vraiment, j’ai beaucoup de difficulté à admettre que Nouvelle-France puisse être considéré comme un bon film. Parce que j’avais déjà écrit le commentaire sur voir (d'où le style hybride...), et que ça me revenait en tête, eh bien enfin… je récupère.

Maudits Anglais, méchante France! Piètre Nouvelle-France!

Quel affront que de substituer à notre histoire une parodie de Watatatow avec costumes d'époque! Probablement pour être bien certain d'économiser sur le budget colossal devant alimenter les poches de Céline et de Gérard, les nuances du film ont été complètement éliminées pour garder une lourdeur étouffante et une inconséquence troublante, servant à enrober un scénario mielleux et dispersé. Pire, on nous présente des énormités navrantes. Qui est cette jeune femme, mère monoparentale, amie et protectrice des Amérindiens, docteure en homéopathie, émancipée de la glorieuse religion, reprenant son père au souper et dont la famille, pas si riche, possède une esclave (et noire, rien de moins)? Mère Térésa et Denise Bombardier, unies dans une sculpturale transformation, catapultées en 1759? Vraiment? Rendu là, on aurait dû envoyer de l'argent de poche à Donalda et sauver Aurore... tant qu'à vouloir parodier l'histoire!

Et ce rôle de Sébastien Huberdeau? Séraphin, prise 2? Un homme et son cliché? Et Marie-Antoinette? On parlait de génocide à cette époque? Quelle femme d'avant-garde, chapeau! Soupir. Et ces trois commères blasées, au regard appuyé, niais de reproches? Je le sais! C'était triste, les violons m'on tout dit!

On passe à côté! À trop vouloir nous montrer des petits détails (Wolfe est asthmatique), on sabre dans les liens et dans la cohérence. Un peu plus et la bataille des plaines d'Abraham n'était qu'une carte postale figée. Puis, avec la rigueur historique dont le film fait preuve, comptons-nous chanceux qu'elle ne se fût pas déroulée à Winnipeg!

Même le pathétique effort d'histoire d'amour sirupeuse colle au fond de la marmite.

Bref, ramassis de clichés revus à la sauce « la jeune femme moderne veut... », anachronique, sur fond d'erreurs historiques et de violons avec anti-démarreurs! On nous a dépossédés de notre passé pour faire un film qui se voulait grandiose (mais sans déranger personne), et qui n'a eu de grandioses que la déception et les soupirs engendrés.



02 mars 2006

Divagations groenlandaises III

À la suite d’incessantes péripéties, mon pédalo atterrit au Wyoming.

Je me félicitai laconiquement de mon excellent sens de l’orientation, bien que je craignisse un instant que ce don prodigieux ne fût pas suffisant pour réussir ma mission floue. Je fis donc ce que les films d’actions m’avaient appris : avancer en fronçant les sourcils. Puis, j’attachai mon pédalo au poteau que je ne vous ai pas décrit et lui laissai du foin pour le tenir occupé jusqu’à mon retour.

Les habitants du Wyoming sont des gens tout à fait charmants aux yeux de quiconque sait apprécier les mâcheurs de tabac aigris qui aiment chevaucher du bétail qui dégage souvent un parfum plus doux que celui de leur cavalier. (Quand le préjugé dit bonjour aux montagnes.) J’avançais donc sur cette voie pavée de bonnes intentions et de terre battue, lorsque surgit devant moi un centre de curling. C’était un signe. La cathédrale du culte du balayage sur glace se hissait devant moi, telle une vertigineuse et douteuse invitation au plaisir des sens.

Puis, tout d’un coup (de manière très soudaine, vraiment), une pluie de sauterelles tomba du ciel (les grenouilles étant en rupture de stock depuis le film Magnolia). Les critiques de cinéma les plus téméraires s’extasièrent en chœur et y décelèrent des signes que personne n’aurait osé offrir lors de la séance de remue-méninges. C’est ainsi que je fis le lien entre George (oui, oui, l’infâme) et ce temple de l’anéantissement de la société des loisirs. Plusieurs n’y virent que du feu. Mais moi, dans ma grande perspicacité, je savais bien qu’il s’agissait de sauterelles, pas de feu.

À la suite d’un interrogatoire inusité, une sauterelle m’avoua tout. Je l’intimai vertement de cesser de me parler de sa consommation de cocaïne et des bonbons qu’elle avait volés au dépanneur dans son enfance. Un clin d’œil complice plus tard, elle obtempéra et me confirma l’odieux jeu auquel se livrait son maître.

- Twister!
- Oh! m’exclamai-je bruyamment, sans voix. (Beaucoup de pratique.)

Il fallait l’en empêcher au plus vite, et m’acquitter d’une mission que personne ne soupçonnait.

Le moyen le plus logique de m’y rendre (vous devinez que c’est au Groenland?) était d’acheter un vieux sous-marin non hermétique. Quelle chance! J’étais devant un concessionnaire dont la platitude de l’annonce télévisuelle m’avait convaincu.

Une musique de film dont je ne pouvais pas payer les droits commença à jouer.

(Vous ne comprenez pas? Bah! Vous pouvez toujours lire l’épisode précédant...)